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25 novembre 2009

A41 - La convention oubliée

Entre Crolles et Brignoud, matin et soir, soir et matin, entre le Rafour et l’autoroute, vous êtes nombreux à vous demander : « mais quand donc cet échangeur sera-t-il aménagé pour faciliter le trafic ? ».

 

La logique voudrait que des échangeurs soient aménagés à Bernin et La Terrasse pour « rabattre » le trafic routier sur l’autoroute, ce qui soulagerait d’autant le secteur du Rafour.

 

Nos élus ont eu cette idée il y a plusieurs années. En 2003, une convention a été signée entre la commune de Crolles, la COSI, le Conseil Général et AREA. Elle proposait un programme d’aménagement dont la mise en œuvre aurait été bien utile. Extraits de cette convention :

« (…entre Grenoble et le Grésivaudan), il convient donc de donner la priorité au développement des transports collectifs, de calibrer en conséquence l’augmentation des capacités routières (tous axes confondus). Le trafic automobile doit être orienté en priorité sur l’autoroute, plus sûre et moins nuisante que les voiries traditionnelles aux abords desquelles il est essentiel de préserver la qualité de vie des riverains (…). Il convient en conséquence :

-       d’éviter la construction de nouvelles routes parallèles à l’autoroute dont la conception porterait préjudice à l’orientation du trafic sur l’autoroute, sauf à leur donner un caractère urbain ou local et à limiter leur capacité, pour maîtriser le volume et la vitesse de circulation, et préserver ainsi les populations riveraines ;

-       de faciliter l’accès à l’autoroute par la création de nouveaux (demi) échangeurs : (…) Bernin, La Terrasse, La Bâtie.

 

…) Un itinéraire d’évitement du centre-ville de Crolles sera également aménagé. Pour permettre de dévier le centre-ville de Crolles sans attirer les trafics qui ont vocation à utiliser l’autoroute, les co-signataires conviennent de donner à cet itinéraire des caractéristiques urbaines, avec des vitesses de circulation réduites ; cette déviation ne sera en aucune façon rocade classique en rase campagne ».

 

Le texte complet de la convention : convention 2003 sur transports moyen grésivaudan.pdf

 

A l’exception du quart échangeur de Bernin, cette convention est restée lettre morte. Conséquences : voir le Rafour en heures de pointe … L’abandon du programme d’aménagement des échangeurs n’a pas vraiment profité aux transports collectifs. Dans le sens Grésivaudan – Grenoble, l’Express, après son passage dans la zone industrielle, est obligé de revenir au Rafour. Le bus en est d’autant moins incitatif.

 

Pour ce qui concerne l’échangeur de La Terrasse, la commune de Crolles contribue au blocage actuel. Tournant le dos à ce qui était prévu dans la convention, le projet actuel de déviation est à l’évidence une rocade classique en rase campagne. AREA l’a bien compris et, en conséquence, n’est pas volontaire pour investir sur un demi-échangeur qui risque d’être inutilisé du fait de la déviation de Crolles. Ainsi, sans même sortir des cartons, le projet de déviation contribue aux embouteillages !

 

Dans une sorte de fuite en avant, oubliant la convention signée il y a quelques années, le Grésivaudan lance des études sur un transport par câble entre Crolles et Brignoud. Il serait plus raisonnable d’étudier d’abord, globalement, l’amélioration des flux entre les deux rives de l’Isère, de mieux utiliser l’autoroute via des demi-échangeurs complémentaires, de comparer l’ensemble des solutions disponibles, en intégrant la refonte éventuelle de l’échangeur du Rafour.

 

Crolles, Journal Municipal, décembre 2009.

 

Publié dans Crolles, Grésivaudan

18 octobre 2009

Dépenser mieux

"Dépenser mieux", c'était le titre d'un de nos tracts durant la campagne électorale. A vrai dire, c'était plus une intuition fondée sur l'observation extérieure de la vie de la commune qu'une analyse chiffrée des finances crolloises.

 

L'examen des comptes depuis 2006 confirme les inquiétudes sur la gestion : les dépenses progressent vite, et ce qui progresse le plus ce sont les dépenses d'administration générale (+ 53 % en 4 ans), à savoir ce qui est le plus éloigné des services à la population et ce qui est le plus opaque.

 

Le détail des chiffres du budget - de 2006 à 2009 : Budget Crolles.xls

 

Il y a urgence à stopper l'inflation des dépenses générales, ce qui permettrait de dégager des ressources pour la production d'énergie renouvelable, pour le soutien aux économies d'énergie chez les particuliers et les PME (pour le moment, la commune s'occupe seulement de son patrimoine), pour les transports doux ... bref pour des actions concrètes et directes de développement durable.

 

On observe que le budget "développement économique" (zone industrielle, marché) est excédentaire, ce qui est un signe de gestion rigoureuse, mais c'est aussi une bizarrerie à l'heure où les collectivités locales devraient se mobiliser pour la réindustrialisation.

La commune poursuit son désendettement, ce qui permet d'économiser les charges financières. Mais c'est aussi le signe d'un manque de projets ! Vu la situation économique et financière de la commune, il serait très justifié d'emprunter pour investir massivement dans les énergies renouvelables ou pour construire la liaison Crolles - Brignoud. Le principe de la dette dans une collectivité locale, c'est que l'on fait participer les générations futures aux équipements que l'on construit pour eux. Vu les besoins en matière de développement durable, l'emprunt ne devrait être ni tabou ni banni.

18 octobre 2009

 

-- Ci-dessous : la chronique de novembre 2009 - Ensemble pour Crolles - dans le journal municipal

 

Les finances  publiques ne sont pas au meilleur de leur forme : explosion des déficits et de la dette de l’Etat, déficit de la sécurité sociale, manque de crédit pour ce qui devrait être des priorités nationales telles que l’éducation, la recherche, la réindustrialisation, la transition énergétique  … La réforme de la taxe professionnelle reste en discussion, mais on peut déjà pronostiquer que les collectivités locales n’échapperont pas à la rigueur et devront justifier leurs dépenses, euro après euro.

 

Dans ce contexte, où en sommes nous à Crolles pour nos finances ?

 

Une analyse économique ne peut se faire qu’avec une vision pluriannuelle de manière à mettre en évidence les tendances de fond. Il est d’autant plus important de raisonner sur plusieurs années que la commune se développe à un rythme lent. Les projets (médiathèque, parc Paturel, Agenda 21, plan climat, éco-quartier etc) se déroulent sur plusieurs années.

 

Nous prenons ici comme référence la période 2006 – 2009. Voir les chiffres détaillés sur www.edgarie.fr.  

 

Sur la période 2006 - 2009, les recettes de fonctionnement sont en baisse de 23 % (32 M€ en 2006, 25 M€ prévu en 2009). Ce chiffre global intègre des mouvements comptables liés à l’opération Crolles 2 et à des transferts de taxe professionnelle entre la commune et la communauté de communes.

 

Retenons deux autres chiffres clefs sur cette période :

-          les contributions directes (taxe foncière, taxe d’habitation) payées par les crollois progressent de 14 % (4,4 M€ en 2006 à 5 M€ prévu en 2009). Sachant que la population augmente lentement depuis le début des années 2000, ce chiffre traduit surtout l’augmentation de la pression fiscale ;

-          la DGF, dotation générale de fonctionnement allouée par l’Etat, augmente de 5 %, ce qui illustre, s’il en était besoin, qu’il ne faut pas trop compter sur l’Etat pour financer la commune.

 

Avec le désendettement de la commune, les charges financières reculent de 30 %, ce qui fait une économie de 244 k€ en 2009 par rapport à 2006. Rappelons que la dette n’est ni bonne ni mauvaise en soi, tout dépend de son origine (ce qu’elle finance) et de la capacité de remboursement.

 

Sur l’ensemble du budget, hors amortissements et opérations purement comptables, les dépenses réelles augmentent de 15 % (14,1 M€ à 16,3 M€), en cohérence avec l’évolution des contributions directes, mais bien au-delà de l’évolution de la population ou de l’inflation.

 

Ces « + 15 % » correspondent environ pour moitié à une amélioration des services rendus à la population (voirie, espaces verts, action sociale, action culturelle …) et pour moitié à des dépenses internes de fonctionnement sur lesquelles nous avons peu de visibilité. Le poste « administration générale » augmente de 53 % : 2,1 M€ à 3,2 M€, est-ce bien indispensable ? Autres postes en forte hausse :

-          le protocole : + 50 %, 103 k€ à 155 k€, il y a des efforts de simplicité à faire

-          la communication : + 39 %, 252 k€ à 351 k€, ce qui est beaucoup pour une information qui n’est ni pluraliste ni indépendante (à l’exception de la présente page).

 

Terminons par un exemple intéressant de bonne gestion budgétaire : c’est l’éducation dont le budget est stable (- 1 %) sur la période, en cohérence avec l’évolution des effectifs scolarisés. Cette stabilité est obtenue avec amélioration du service rendu à la population (+ 29 % sur le périscolaire, + 24 % sur le sport scolaire …), grâce à des économies sur les transports scolaires. 

Publié dans Crolles

05 octobre 2009

Drames chez FT - un problème de culture ?

Alors que la situation humaine dramatique chez France Telecom devient un sujet public, il faut s’interroger : comment se fait-il que des dirigeants qui avaient toutes les informations nécessaires pour apprécier la situation aient laissé ainsi pourrir le climat social et les ambiances de travail ? aient fermé les yeux sur les cas de détresse qui leur étaient rapportés ?

Je suis intervenu pour la première fois chez France Télécom, à la demande d’un CHSCT, en 2005. Puis chaque année jusqu’à ces derniers mois. Souvent (pas toujours, mais trop souvent), de manière nettement plus criante que dans les autres grandes entreprises où j’ai eu l’occasion de plonger, j’ai rencontré, comme mes collègues, des dysfonctionnements majeurs de l’organisation et du management, ce qui produit des salariés en grande difficulté, incapables de faire face aux contraintes et aux exigences qui s’accumulent : mobilité forcée, défaillances et lacunes des outils, pression de l’encadrement sur les résultats (culture du chiffre), tensions avec les clients, travail vide de sens etc.

Les alertes n’ont pas manqué, à l’oral comme par écrit : les salariés eux même, les médecins du travail, les CHSCT et leurs experts, des observateurs externes (journalistes, sociologues …), et un certain nombre de cadres et de dirigeants qui ont pris la mesure des problèmes. Les alertes étaient nombreuses, convergentes et persistantes : il ne pouvait pas s’agir de fausses alertes, d’erreurs d’appréciation ou de difficultés uniquement locales ou temporaires.

Pourtant, jusqu’à fin septembre 2009, la politique de restructuration brutale, initiée au début des années 2000 et qui s’est intensifiée depuis, a été poursuivie, quel qu’en soit le prix humain. Pourquoi ?

Impossible ici de ne pas penser à ces renoncements quotidiens, que l’on voudrait insignifiants, qui parsèment de médiocrité notre idéal pour la société. Nous savons, et pourtant nous ne faisons rien. Pourquoi ?

La priorité pour le confort immédiat et le conformisme social ne suffisent pas à expliquer l’ignorance et le mépris vis-à-vis des souffrances individuelles.

Ils n’ont pas entendu les alertes car ils ne voulaient pas les entendre, car ils étaient dans un schéma mental (le business dans un environnement libéral) et des préoccupations (les parts de marché, le cash flow, la croissance, la dette, la concurrence …) où il n’y a pas de légitimité, pas de place, pour les lanceurs d’alerte.

On peut interpréter cette situation en se disant qu’il y a eu des défaillances éthiques du management. Mais je ne pense pas que ce soit l’analyse la plus fructueuse.

Les sciences cognitives ont franchi une belle étape quand l’idée de « rationalité limitée », chère à H.A. Simon, s’est imposée parmi les facteurs explicatifs des décisions humaines : nous décidons de manière rationnelle, en raisonnant et en procédant à des choix fondés sur des critères, mais notre information est toujours parcellaire et notre capacité de calcul toujours restreinte par rapport aux besoins.

Pour comprendre la rationalité limitée, il faut élargir la notion d’information à celle de culture, au sens des connaissances, de l’expérience, des comportements, des rites … que l’individu s’est approprié et dans lesquels il baigne.

A mon avis, le manque de culture sociale, de culture sur le travail, explique largement l’enfermement de certains dirigeants dans une vision désincarnée de l’entreprise, une vision où les modèles, les chiffres et les processus occupent une place hypertrophiée, au détriment de la réalité, complexe et rebelle à la volonté des plus grands stratèges.

Aussi brillants soient-ils, nos dirigeants manquent parfois de culture.

1er octobre 2009

Votation sur la Poste

Samedi 3 octobre 2009, la commune de Crolles a organisé la votation sur La Poste. La décision avait été prise à l’unanimité du conseil municipal qui est pleinement dans son rôle en organisant une telle consultation sur un sujet de société.

Péripétie politique et juridique : le préfet a attaqué la délibération au tribunal administratif qui lui a donné raison – interdisant à la commune d’organiser un « référendum ». Sur le fond, il est limpide que le gouvernement ne souhaite pas que les citoyens s’expriment sur l’évolution de la Poste car il y aurait probablement un large consensus pour garder la vénérable entreprise dans le giron de l’Etat.

La consultation a donc été organisée en dehors des locaux de la mairie, en toute simplicité. Il faut remercier le préfet et le juge administratif car ce fut plus convivial et populaire qu’un vote classique.

Je ne suis pas resté très longtemps à tenir le « stand de consultation » (attention, si je parle de bureau de vote, le juge va dire que je ne respecte pas sa décision !), mais j’ai eu l’impression que les électeurs qui se sont déplacés étaient heureux d’avoir l’occasion de s’exprimer.

Le taux de participation est honorable : 12 % (762 crollois sur 6051 électeurs inscrits) + 100 personnes d’autres communes, c’est infiniment plus que pour la plupart des autres dossiers publics (exemples d’actualité : la taxe carbone, la réforme des collectivités locales, l’évolution de la carte judiciaire, les lois issues du Grenelle de l’Environnement) qui mobilisent surtout les professionnels de la politique, quelques noyaux de militants, les lobbies concernés par le sujet et les médias lorsqu’il y a de la polémique ou de l’émotion.

Le pourcentage de Non est sans surprise (98 %). C’est un score stalinien, mais il faut assumer ! La consultation étant organisée par les partisans du Non, on ne pouvait guère espérer un résultat plus équilibré. Cela n’enlève rien à l’intérêt de l’opération : mieux qu’une pétition, mieux qu’une manifestation, la votation incite les parlementaires à ne pas escamoter le débat.

La question était-elle malhonnête, comme le dit avec insistance le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre, dont on connaît le sens de la mesure et les discours argumentés et non partisans ?

Évidement, la question était ambiguë et relevait du procès d’intention : « Le gouvernement veut changer le statut de la Poste pour la privatiser. Êtes vous d’accord avec ce projet ? ». Mais il faudrait être naïf pour éviter de parler de privatisation alors que l’enjeu est bien là – et que l’expérience montre que le changement de statut précède la privatisation.

Voir l'argumentaire du collectif qui organise la votation : votation_3_octobre.pps

5 octobre 2009

Pourquoi changer le statut de la Poste ?

Pourquoi changer le statut de la Poste ? Les réponses du gouvernement et des élus UMP ne tiennent pas la route :

- « pour pouvoir renforcer les ressources de La Poste en la recapitalisant » : depuis quand faut-il changer le statut d’une structure publique pour la doter en ressources ? Faut-il aussi changer le statut de la police, de la justice, pour les doter des budgets dont elles ont besoin ?

- « pour faire face à la concurrence (…) pour stimuler le secteur par la concurrence » : nous avons déjà un système concurrentiel, et la concurrence ne saurait être une fin en soi. Moi qui suis démocrate, j’aime bien la concurrence. Mais la concurrence utile pour la société, c'est-à-dire la concurrence entre des entreprises qui sont différentes. La concurrence entre clones n’a que peu d’intérêt. Nous avons deux supermarchés dans la ville, en mettre un troisième n’apporterait pas grand-chose. En revanche, concurrencer les supermarchés avec des commerces de proximité installés dans les quartiers et proposant des produits issus de circuits courts, voilà une concurrence socialement utile. Préservons la diversité de nos entreprises et évitons de les aligner toutes sur le même modèle !

- « car la Poste elle-même le demande (…) ce n’est pas une proposition du gouvernement, mais de la direction de la Poste » : là, c’est fort de café ! Ceux qui sortent cet ultime argument ne manquent pas d’aplomb ! Depuis quand est-ce les dirigeants des entreprises publiques qui fixent la politique du pays ?

Dès lors, il est logique de faire l’hypothèse que le changement de statut a pour objectif majeur de préparer la privatisation, comme cela s’est produit sur d’autres entreprises publiques telles que France Telecom ou les sociétés d’autoroute.

Si le gouvernement veut nous convaincre, comme il le tente, de ne pas assimiler « changement de statut » et « privatisation », il doit expliquer les différences entre la situation actuelle et les situations précédentes qui ont conduit aux privatisations. Cet exercice est extrêmement difficile car le président de la république, en qui on devrait avoir le plus confiance, est celui qui a le plus trompé son monde avec GDF - cf sa promesse « solennelle », abandonnée très rapidement, de conserver GDF dans le domaine public.

Une autre approche serait, pour le gouvernement, d’expliquer par a + b que le statut actuel entrave le fonctionnement de la Poste.

Je demande à voir cette démonstration.

4 octobre 2009