13 avril 2020
Le moment Churchill
Ce soir, le président va parler. Si j’en crois les ballons d’essai qui circulent dans la presse en ligne, il nous demandera de tenir, comme les britanniques ont tenu pendant la guerre. Il n’aura pas besoin d’évoquer le sang et les larmes, l’expression est connue, galvaudée, déjà dans nos têtes.
Churchill ne mérite pas ce rôle de chef fort et stoïque sous les bombes auquel l’Histoire que l’on apprend en France voudrait le cantonner. Il vaut beaucoup mieux que cela. Sa légende, plus vraie que les propos réels que l’on ignore, montre sa hauteur politique. A un interlocuteur qui lui conseillait de couper dans le budget de la culture pour se concentrer sur l’effort de guerre, il répondit : « Mais pourquoi nous battons-nous si ce n’est pas pour la culture ? ».
Voilà le moment Churchill. Chacun est invité à clarifier sa hiérarchie de valeurs. Le confinement, à quel prix ? La discipline, jusqu’où ? Et après, par quoi commencer ?
La démocratie est mise entre parenthèses. Sans doute ne l’aimions-nous pas assez. Santé Sécurité Efficacité, voilà la nouvelle devise. Je préfère l’ancienne. Deviens-je nostalgique et bougon comme Régis Debray ?
Demain, j’irai courir dans les coteaux à la cueillette de l’espérance.
Francis Odier, 13 avril 2020
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