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23 avril 2020

Le délire de la distanciation

L'Education Nationale réfléchit au déconfinement … et le délire se propage dans le halo public. Ainsi, il faudrait appliquer la distanciation sociale dans les écoles, dans les cars scolaires ! Alors que les enfants ont besoin, comme vous et moi et mon chat, de se toucher, se chamailler, s'embrasser, se bousculer, l'inspecteur d'académie, dont les enseignants connaissent le bon sens et la confiance qu'il inspire, viendra avec son mètre gronder le maître qui n'aura pas su mettre sa classe en bon ordre et au pas de la distanciation sociale.

Le maire lui-même, en charge des écoles, viendra avec un air sérieux et grave jouer au protecteur de la population, représentant de l'Etat en sa commune, tancer les irresponsables parents ne portant pas un masque, se prosterner devant la fille de l'infirmière pour le courage de sa mère (qui n'en demande pas tant et préfèrerait une augmentation de salaire), et discourir partout que la continuité pédagogique est assurée.

Dans les cars scolaires, les conducteurs, après une formation épidémiologique et psychologique accélérée, auront un nouveau rétroviseur adapté à la surveillance de la distanciation de leur précieuse cargaison. Un siège sur deux sera laissé libre pour le transport du virus prié de rester là le temps du voyage sans sauter directement de Tom à Lise.

Les enseignants auront le choix entre devenir fou, malade ou rire du délire de leur administration et du pays. Mais ils ne rient plus et, s'il n'y a pas de retour à la raison, cette histoire finira mal. 

Pendant le chaos, le Président apprend vite. Il sait maintenant que la gestion de l'hôpital public n'était pas aussi habile et intelligente qu'il le pensait. Il a découvert que le télétravail n'était pas si facile pour tout le monde. Il voit enfin que la co-activité sur les chantiers suppose de la proximité entre les intervenants. Il a compris que le confinement était délétère. Il vient de se rendre à l'évidence que la centralisation est dangereuse : le déconfinement sera territorialisé.

La fièvre ne dure jamais très longtemps. Le patient guérit - ou pas. Dans quelques semaines, l'idée stupide de la distanciation sociale dans les écoles faiblira jusqu'à s'effacer, sauf dans des sursauts de réminiscence à la manière d'un traumatisme qui résiste au temps, ou dans des îlots résiduels où elle persistera de même qu'il existe des communautés se protégeant contre le ciel qui peut tomber sur la tête.

Dans mon quartier, une petite bande de garçons joue au ballon tous les après-midi. Ils réjouissent les voisins et les passants, sauf les grognons, bien entendu.

FO, 23 avril 2020  

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Publié dans Crise et châtiment