05 octobre 2009
Votation sur la Poste
Samedi 3 octobre 2009, la commune de Crolles a organisé la votation sur La Poste. La décision avait été prise à l’unanimité du conseil municipal qui est pleinement dans son rôle en organisant une telle consultation sur un sujet de société.
Péripétie politique et juridique : le préfet a attaqué la délibération au tribunal administratif qui lui a donné raison – interdisant à la commune d’organiser un « référendum ». Sur le fond, il est limpide que le gouvernement ne souhaite pas que les citoyens s’expriment sur l’évolution de la Poste car il y aurait probablement un large consensus pour garder la vénérable entreprise dans le giron de l’Etat.
La consultation a donc été organisée en dehors des locaux de la mairie, en toute simplicité. Il faut remercier le préfet et le juge administratif car ce fut plus convivial et populaire qu’un vote classique.
Je ne suis pas resté très longtemps à tenir le « stand de consultation » (attention, si je parle de bureau de vote, le juge va dire que je ne respecte pas sa décision !), mais j’ai eu l’impression que les électeurs qui se sont déplacés étaient heureux d’avoir l’occasion de s’exprimer.
Le taux de participation est honorable : 12 % (762 crollois sur 6051 électeurs inscrits) + 100 personnes d’autres communes, c’est infiniment plus que pour la plupart des autres dossiers publics (exemples d’actualité : la taxe carbone, la réforme des collectivités locales, l’évolution de la carte judiciaire, les lois issues du Grenelle de l’Environnement) qui mobilisent surtout les professionnels de la politique, quelques noyaux de militants, les lobbies concernés par le sujet et les médias lorsqu’il y a de la polémique ou de l’émotion.
Le pourcentage de Non est sans surprise (98 %). C’est un score stalinien, mais il faut assumer ! La consultation étant organisée par les partisans du Non, on ne pouvait guère espérer un résultat plus équilibré. Cela n’enlève rien à l’intérêt de l’opération : mieux qu’une pétition, mieux qu’une manifestation, la votation incite les parlementaires à ne pas escamoter le débat.
La question était-elle malhonnête, comme le dit avec insistance le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre, dont on connaît le sens de la mesure et les discours argumentés et non partisans ?
Évidement, la question était ambiguë et relevait du procès d’intention : « Le gouvernement veut changer le statut de la Poste pour la privatiser. Êtes vous d’accord avec ce projet ? ». Mais il faudrait être naïf pour éviter de parler de privatisation alors que l’enjeu est bien là – et que l’expérience montre que le changement de statut précède la privatisation.
Voir l'argumentaire du collectif qui organise la votation : votation_3_octobre.pps
5 octobre 2009
Publié dans Les services publics dans la tourmente