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15 janvier 2013

Un maire en campagne

Autant le dire, je suis passionné par la politique, la vraie, celle qui s’intéresse à la vie de la cité, loin des mesquineries et querelles politiciennes. Mais le changement c’est maintenant,  alors jouons au petit jeu « qui sera le prochain maire de Crolles ? ».

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Photo :  Magazine de Crolles, janvier 2013, page 13 - un banquet de fête

Vous l’avez reconnu ? Proche du père, un homme bien mis, droit dans un costume neuf, avec une cravate qu’on ne lui connaissait pas, au premier rang devant nos anciens - corps électoral puissant ? Il a toutes les qualités pour être élu et pour assurer une parfaite continuité avec François Brottes et la démocratie de convivialité locale.

Il est patient, prudent, dans le sillage du chef depuis une quinzaine d’années. Il préside la commission Cadre de Vie, ce qui lui donne rang de premier non adjoint. Comme secrétaire de section du parti socialiste, il a exercé ses talents d’organisateur de barbecue avec les sympathisants. Il n’aura aucun mal à animer les Etats Généraux, le repas des associations, le carnaval, le bal du 14 juillet et autres événements tout aussi profonds.

Jusqu’à présent, il a ménagé ses interventions publiques et ses avis personnels. C’est pour mieux nous surprendre lorsqu’il sera en fonction. Alors, il se révèlera un grand maire, innovant, partageux, soucieux de démocratie …

Philippe, l’avenir t’appartient. Ne le gâche pas.Prend la mesure du passif, de la démocratie étriquée, du besoin de renouveau. Les citoyens ont perdu confiance dans leurs élus, dans leurs discours convenus et creux. L’immense et très confortable majorité que tu peux tranquillement espérer ne sera pas un signe d’espoir ou d’adhésion populaire, mais le legs ultime de ton mentor et de ses adjoints : le conservatisme, le laminage des opposants, les manœuvres d’endormissement.  

L’histoire ne s’écrit pas d’avance. Ton adolescence est lointaine, mais tu peux encore tuer le père (comme disait le vieux Freud) et me montrer que j’ai tort. Fallait-il attendre tant d’années pour, le moment venu, ne rien faire, ne rien bouger ? Libère toi, pense, écrit, conteste, prend des coups. N’oublie pas les enjeux : l’emploi, l’environnement, la loi, le pluralisme, l’intercommunalité … ces sujets méritent mieux que des décisions paresseuses prises dans le secret d’un bureau avec vue claire sur Belledonne.

Francis Odier, 11 janvier 2013

PS – pouvait-on publier ce papier sur www.lecrollois.fr ? Le Crollois est transparent, y compris sur ses débats internes :

Question : Faut-il vraiment faire la campagne de Lorimier maintenant ? S’il a un souci de notoriété, ce n'est quand même pas à nous de résoudre son problème ! En divulguant ces petits calculs foireux de Lorimier & Co, tu te discrédites ... car tu joues leur jeu.

Réponse : Me voilà confronté à une question bien connue des journalistes : parler de quelqu’un, est ce faire sa publicité ? Oui, bien sûr. Si je parle de Philippe, il va sans doute apprécier et me remercier de l’aide apportée.

Mais faut-il pour autant ignorer le sujet, faire semblant de ne rien voir, rien savoir, au motif que ce sont basses manœuvres et soif de pouvoir et statut social ?

Mon idée fixe, c’est que la démocratie se joue sur l’information, la transparence, qui sont des préalables sans quoi rien de sérieux ne tient. Cette idée s’applique aussi aux élections municipales à venir.

D’habitude, les listes électorales sont concoctées en secret, ce sont de petits arrangements entre amis. Comme nous avons démasqué le Magazine de Crolles, je veux simplement démasquer Philippe quelques mois en avance, et l’inviter ainsi à faire campagne et à préparer le prochain mandat ouvertement. Pourquoi la constitution d’une liste électorale devrait-elle se faire en catimini, dans l’alcôve du parrain et de son poulain ?

Le choix des candidats en tête de liste est un moment essentiel, parfois encore plus important que le vote lui-même. Dans le monde réel, les représentants du peuple sont bien plus cooptés qu’élus. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles certains militent pour le tirage au sort … mais c’est une autre histoire.

 

 

06 novembre 2012

Gallois, Gimbert et l’industrie du Grésivaudan

C’est notre actualité. Le 9 juillet 2012, Francis Gimbert est élu président du Grésivaudan. Dans son premier éditorial (Interlignes, n°13), il affiche « les priorités qui s’imposent : l’emploi d’abord, une priorité et une actualité qui s’imposent à nous ».

Comme en écho, le 11 juillet, le premier ministre écrivait la lettre de mission de Louis Gallois et lui confiait une triple ambition : « la compétitivité, la croissance et l’emploi ».

Quatre mois plus tard, on constate qu’il y a eu des pertes en ligne …  

Louis Gallois a clairement privilégié l’objectif de compétitivité, comme l’indique le titre de son rapport : « Pacte pour la compétitivité de l’industrie française », et comme il l’affiche dès les premières phrases : « Tous les indicateurs le confirment : la compétitivité de l’industrie française régresse depuis 10 ans et le mouvement semble s’accélérer (…) La perte de compétitivité industrielle est le signe d’une perte de compétitivité globale de l’économie française ».

Je ne regrette pas que la croissance passe à la trappe. Mais l’emploi !

Gallois voit l’emploi comme une retombée indirecte de la compétitivité. Il se situe ainsi dans le paradigme de la société de concurrence : « la politique de la concurrence domine toutes les politiques européennes qui ne peuvent se déployer que dans le cadre qu’elle définit. Cette domination est également idéologique (…) ».

Face à ce constat, nous n’avons droit qu’à une proposition très ambiguë et bizarre : « la politique de la concurrence doit être davantage mise au service de l’industrie européenne (je suis d’accord) et de sa compétitivité (mais là, on tourne en rond : la compétitivité vise à mieux s’insérer dans la concurrence. Comment la concurrence peut-elle favoriser la compétitivité ?). Nous proposons donc que toutes les décisions concernant la concurrence soient accompagnées d’un avis d’experts économiques et industriels, extérieurs à la Commission ; cet avis serait public ».

On comprend que Gallois voudrait bien limiter ou contrôler la concurrence, mais il n’ose pas le dire. Dommage. Le dogme de la concurrence peut dormir tranquille. Voilà qui ne va pas rassurer tous ceux qui souffrent de cet esprit de compétition qui survalorise les gagnants, broie les perdants et ronge la société. Faut-il écraser les espagnols, les roumains et les chinois pour redresser notre pays ? Non.

Alors, revenons au Grésivaudan. Il faut inverser l’ordre des facteurs, et là on retrouve l’idée de Gimbert : priorité à l’emploi. Dans le raisonnement, c’est le besoin d’emploi qui doit conduire à l’industrie. Si on oublie l’emploi, on peut développer une industrie compétitive hors sol.

Gallois l’affirme : « un emploi industriel génère 3 ou 4 emplois hors industrie ». Il ne cite pas ses sources et apparaît beaucoup plus optimiste que le rapport Reverdy (mai 2012, « Analyse de l’impact de STMicroelectronics sur l’emploi et le pôle économique Grenoble-Isère ») qui concluait à un ratio de 2,1 emplois dans le tertiaire pour 1 emploi créé dans la filière industrielle. Mais le consensus est solide : l’industrie permet un effet de levier significatif sur l’emploi.

Conséquence immédiate : dans leur politique de développement, les collectivités territoriales doivent se focaliser sur l’industrie.

Soyons concrets : nos communes et notre communauté de communes doivent arrêter de favoriser la consommation, l’installation de surfaces commerciales ou logistiques, de plateformes de services, et doivent concentrer leurs maigres ressources (financières, humaines, foncières …) sur les ateliers de production, à savoir l’industrie au sens historique du terme.

Le rôle des collectivités locales n’est pas de bêler avec les moutons, hurler avec les loups ou prendre le train en marche, bref, de subventionner ou encourager ce qui fonctionne déjà. La désindustrialisation vient (au moins en partie) de la course éperdue vers la compétitivité et du désintérêt, voire même d’un certain mépris, des dirigeants pour la production. Dès lors, les collectivités doivent prendre le contre-pied de la« société de la connaissance » (qui porte en germe le rejet des activités productives), investir dans la production et agir résolument, à leur niveau, pour fausser la concurrence.

Quels exemples concrets ? Et bien, c’est là que la démocratie participative et le dialogue seraient utiles. Demandons aux citoyens, au comité de développement, aux comités d’entreprise et aux organisations syndicales de la vallée ce qu’ils en pensent.

Monsieur le président Gimbert, pour qu’un sujet soit traité, il doit être visible. Si le chômage persiste depuis si longtemps à un niveau si élevé, c’est que beaucoup d’énergie a été consacrée à masquer ou éluder ce problème, et beaucoup moins à le crier. Si l’emploi est votre priorité, les questions relatives à l’emploi doivent être les premières discutées dans les instances communautaires.

Ma première proposition est de commencer chaque réunion de bureau communautaire, chaque réunion de conseil communautaire par des temps de parole confiés à des acteurs économiques porteurs de la problématique « emploi » : des comités de chômeurs, des entrepreneurs, des comités d’entreprise, des conseillers pour l’emploi … Il faudra de la ténacité, ce sera lourd et fastidieux, mais le pire serait que l’emploi d’abord ne soit qu’un slogan.

Seconde proposition : dire à quoi vous renoncez au bénéfice de la priorité pour l’emploi. Pas de priorité sérieuse sans renoncement. Je sais, ce n’est ni facile, ni dans la culture politique. Ce sera donc une innovation, une vraie, porteuse d’avenir.

Troisième proposition : revisiter le budget de la communauté de communes pour créer un fonds intercommunal de soutien à l’emploi dans l’industrie. Inviter les communes à faire de même. Orienter l’épargne locale vers ce fonds. Votre boulot pourrait être de fédérer l’engagement des citoyens pour l’emploi industriel.

Enfin : tous les six mois, faire le point publiquement sur les actions menées pour l’emploi.

Que produire ? J’ai déjà dit que je n’en savais rien, d’autres auront des idées … mais quand même, je ne peux m’empêcher d’évoquer quelques secteurs. Je garde le principe du contre-pied. Investissons l'argent public local dans ce qui a été délaissé, souvent considéré comme has been, mais qui est consommé sur place et ne demande pas des complexes industriels hors de notre portée : le textile, l’ameublement, les vélos, les matériaux de construction …

Monsieur le président Gimbert, le gouvernement cherche à agir via la compétitivité. Soyez complémentaire, et agissez au plus près de l’emploi.

Francis Odier, 6 novembre 2012

02 octobre 2012

Le texte ou le contexte ?

A propos de la ratification du traité sur le pacte budgétaire :

Mardi 2 octobre 2012, devant l’assemblée nationale, le premier ministre a déclaré (selon LeMonde.fr) : "Formellement, vous allez être appelés à voter sur la ratification du traité. Mais à travers votre vote, c'est sur la réorientation de l'Europe que vous vous prononcerez".

Alors, si je suis pour la réorientation de l’Europe (à supposer que le sens de cette réorientation soit clairement défini), mais que je trouve que le traité n’est pas bon, comment je vote ? Ce renversement des valeurs, cette sorte de confusion volontaire entre le texte, le contexte et l’intention du porteur du texte est très fréquente en matière politique. Je pense que c’est désastreux car cela pollue la réflexion, rend hasardeuse l’interprétation du vote des élus et, ainsi, dégrade la confiance dans les institutions.

Nous avons besoin de réapprendre à lire et à discuter vraiment les textes de lois … vaste réforme intellectuelle.

06 septembre 2012

L'agonie du conseil - Ode aux Etats Généraux de Crolles

Septembre 2012 : Le journal municipal de Crolles annonce la tenue des prochains Etats Généraux, le 18 octobre. La municipalité fera un « bilan de mi-mandat » avec des films et, sans doute, un discours du maire. Au même moment, le débat sur le cumul des mandats reprend vigueur car l’échéance du non cumul approche pour les élus socialistes qui s’y sont engagés au plus tard pour fin septembre. C’est dans ce contexte que j’ai écrit cette contribution au bilan de mi-mandat.

 

 

Martine écrit aux parlementaires. A Crolles, qui sera le prochain maire ?

 

Le cumul est un désastre.

Le baron perché sur son astre surplombe la critique

 

Le conseil unanime porte le patron. Brottes fulmine et ricane au balcon.

 

Les conseillers courbent l’échine, dociles comme au PC en Chine.

 

Leur bon vouloir, la concentration des pouvoirs.

L’intérêt général, la voix du caporal.

 

La génération des François domine.

Anne et Jean sont dignes d’éloge, parfois.

Mais en public, jamais ils ne dérogent.

 

Vincent sur le fil, déambule et offre son profil.

Ne le laisse pas tomber, tu sais, c’est pas si facile.

 

Le plus fort est le plus servile. Les faibles ont fui, j’en suis.

 

Du cumul, tous s’accommodent. Que veux-tu, c’est la mode !

D’accord pour changer, si c’est sans danger.

 

Pleure Rousseau et les Lumières.

Peuple endormi, Souviens-toi de Vizille, les tuiles, la Bastille envahie.

Guérir l’aboulie, qui en a encore envie ?

 

Le bilan est convivial, comme à carnaval.

Les chiffres défilent masqués, et content des sornettes.

Sur le char de tête trône Gigi la brouette.

 

La culture tout en haut. Oui, chapeau pour Jargot.

Des pistes pour les vélos.

Esquive, mesquinerie, duperie, brasserie, déchetterie.

Tout un plat pour cet agenda.

 

Ils ont promis la déviation. J’attends la démission.

 

Gaspillage à tous les étages.

Ni vague ni blague. L’écologie en rade. Le pays dans la panade.

Ces Etats sont une mascarade, des Généraux en pantalonnade.

 

Enfin, on le devine, la lutte patine.

Au pied des falaises grandit le malaise.

Le mépris s’échappe.

Que faire de ces fadaises semées sur la toile ?

Les gugusses les écharpent – vauriens sans voile ni panache.

 

Francis Odier

20 juillet 2012

Les alternatives au déménagement de la déchetterie de Crolles

Deux projets en un : La municipalité de Crolles nous propose deux objectifs : agrandir la zone commerciale, rénover la déchetterie, et une solution qui allie ces deux objectifs : déménager la déchetterie de quelques centaines de mètres pour libérer de l'espace devenant constructible.

Télécharger en pdf :  Les alternatives au déménagement de la déchetterie de Crolles.pdf

Plan de situation : Déménagement de la déchetterie - plan de situation.pdf

L’approche « une solution commune pour deux objectifs » est excellente. Pour une fois, les dossiers ne sont pas cloisonnés et disjoints, mais reliés et étudiés conjointement, ce qui est tout à fait conforme à la méthode de la complexité chère à Edgar Morin et qui fonde ma philosophie politique. Une pierre, deux coups, j’adhère.

Prenons pour hypothèse que la déchetterie actuelle de Crolles est saturée comme le conclut le bureau d’études IES dans son rapport de diagnostic (mai 2011) et comme on peut le pressentir un dimanche ensoleillé de printemps. Les chiffres sont éloquents : 200 000 visites / an, 26 000 tonnes de déchets déposés par an, puis évacués par 2 700 trajets en camions. En fait, il s’agit de moyennes annuelles qui masquent de fortes diversités selon les jours. La capacité maximale d’accueil est estimée à 1200 véhicules / jour, ce qui donne, en neutralisant 60 jours par an correspondant par exemple à la période hivernale, une capacité annuelle de 360 000 visites. La déchetterie est donc saturée certains jours. Le problème qui se pose est dé-saturer les pointes de fréquentation, ce qui peut être fait en lissant la fréquentation et / ou en réduisant la fréquentation totale.

Ce dossier est bien mal parti car la commune entre dans la mise en œuvre concrète du déménagement (première étape : la révision du Plan Local d’Urbanisme) sans avoir discuté les objectifs (ni avec la population, ni au sein du conseil municipal) et sans avoir sérieusement étudié les scénarios alternatifs disponibles.

Par ailleurs, la présentation du projet faite jusqu’à présent par la municipalité pêche par une asymétrie flagrante : l’objectif de rénovation de la déchetterie est mis en lumière, au détriment de l’objectif concernant la zone commerciale qui, sans être totalement masqué, est relégué au second plan, minoré, escamoté dans certains discours, alors que tout montre qu’il est en réalité premier dans la décision du déménagement.

Les enjeux sont importants : un équipement intercommunal qui bénéficie à une population d’environ 31.000 habitants, un investissement de 3 ou 4 M€ au moins en période de disette annoncée des finances publiques, un espace de 1,5 ha dans une vallée où il y a consensus sur le besoin d’économiser le foncier, un coût de fonctionnement autour 1 M€ / an pour la commune.

Pour la zone commerciale, les principaux enjeux sont politiques, voire éthiques : faut-il favoriser ou accompagner la consommation ? la grande distribution ? et aussi environnementaux : la localisation de nouveaux commerces à Crolles permettra-t-elle de réduire les déplacements entre le Grésivaudan et l’agglomération grenobloise ?

Personnellement, je milite pour la sortie du consumérisme et pour que les collectivités publiques investissent dans l’industrie où il y a des effets de levier sur l’emploi beaucoup plus élevés que dans les services : un emploi direct dans une industrie de production entraine souvent la création de 2 à 3 emplois. Voir en particulier l’étude publiée sur le  site de la CCI de Grenoble « L’impact de STMicroelectronics sur l’emploi et le pôle économique Grenoble-Isère », 4 juillet 2012 : 6000 emplois directs, 2200 emplois indirects, 8800 emplois induits en Rhône-Alpes.

Vous me direz que le commerce et l’industrie sont complémentaires. Certes, mais la question qui se pose est celle du bon usage des finances publiques. Quand on parle commerce, il faut aussi penser emploi. C’est le sujet que je voudrais que la commune et la communauté de communes mettent en débat : comment concrétiser la priorité pour l’emploi sur laquelle tout le monde s’accorde en théorie ? Faut-il investir autant d’argent pour déménager et rénover la déchetterie ?

Un rapide retour sur les années récentes nous rappelle que les questions posées ici ont déjà été discutées via des dispositifs de concertation, aussi imparfaits soient-ils. Des questions sur les commerces ont été posées en 2007 dans une enquête auprès de la population.

Les résultats étaient sans équivoque en faveur d’une priorité pour le commerce de proximité (72 %) et non pour une nouvelle grande zone commerciale (non prioritaire pour 61 % des répondants). Le Plan d’Aménagement et de Développement Durable a retenu les mêmes orientations (sans pour autant les traduire dans la partie réglementaire du PLU, mais ceci est un autre débat).  

La gestion des déchets a été abordée durant la préparation de l’agenda 21, dans les différents ateliers et forums. L’inadéquation de la déchetterie aux besoins n’a jamais été mentionnée. En revanche, le diagnostic partagé a retenu un enjeu de réduction des quantités de déchets à la source. Le plan d’action prévoir de « réduire les quantités et améliorer la gestion des déchets produits par les services de la collectivité » (action n° 8).

Les propositions alternatives que je développe ci-après s’inscrivent dans la continuité des consensus dégagés lorsque les questions relatives aux commerces et à la gestion des déchets ont été discutées avec la population.

Pour la zone commerciale de Crolles, la principale carence qui était souvent citée pour illustrer le choix de ne pas bloquer l’installation de nouvelles enseignes, était le douloureux manque d’un magasin de chaussures. Cette lacune est désormais comblée. Nous avons à Crolles un beau magasin de chaussures. C’est une réalisation positive que je salue bien volontiers. Maintenant, si la municipalité souhaite reconfigurer la zone commerciale et / ou l’agrandir, elle ne doit pas poursuivre cette ambition en catimini, par le biais discret d’un déménagement faisant diversion, mais doit organiser une étude concertée sur l’urbanisme dans le secteur Sud de Crolles.

Si on examine l’opération d’ensemble (déménagement de la déchetterie pour agrandir la zone commerciale), il est possible que la vente du terrain actuel de la déchetterie finance le déménagement. Ce serait une information utile à connaître pour décider d’engager – ou non – le déménagement. On voit là que l’étude globale de l’opération reste à mener, dans les trois dimensions classiques du développement durable : utilité sociale, coût / bénéfices financier, coûts / bénéfices pour l’environnement. Seule une étude complète peut permettre de conclure sur la balance avantages (une déchetterie plus belle, de nouveaux espaces commerciaux …) / inconvénients (nuisances pour les nouveaux riverains, coût du déménagement, effets défavorables pour le commerce de proximité …).

La réduction des déchets à la source suppose des choix politiques qui restent à instruire.

En volume et en tonnage, les deux catégories principales de déchets à traiter sont les gravats et les végétaux, chaque catégorie représentant environ 30 % des tonnages. Pour les gravats, la mesure qui s’impose est de différencier les professionnels / les particuliers.

Deux mesures immédiates pour privilégier l’accès des particuliers : appliquer strictement la règle actuelle qui limite les déposes à 2 m3 / jour et par habitant, interdire l’accès des professionnels le week-end. Pour les gros chantiers, la récupération des gravats pourrait être faite directement par les entreprises de collecte (celles qui évacuent les gravats déposés en déchetterie), ce qui éviterait de passer par la case « déchetterie ».

Pour les végétaux, le meilleur traitement à la source est le broyage à domicile qui évite le transport vers la déchetterie, puis vers un site de valorisation. Le Grésivaudan propose un tel service mais à un prix (30 € / h) qui, à l’expérience, n’est pas suffisamment attractif.

Que ce prix soit maintenu ou abaissé, il est impératif d’être beaucoup plus volontariste pour proposer et faire connaître le service de broyage à domicile, en commençant par les habitants les plus éloignés de la déchetterie (logique d’intérêt général, la réduction des transports bénéficie à tous).

Si la réduction des déchets à la source ne suffit pas à dé-saturer la déchetterie, il reste deux leviers à explorer.

D’abord, l’élargissement des horaires d’ouverture est la mesure la plus évidente pour valoriser un équipement public : ouverture jusque 19 h (contre 17 h 45 actuellement) ? ouverture le dimanche matin des déchetteries autour de Crolles qui sont actuellement entièrement fermées le dimanche ? La question du travail du dimanche est éminemment sensible. J’y suis farouchement opposé pour les activités commerciales salariées. S’agissant d’un service public, la question ne devrait pas être taboue, surtout si cela permet d’éviter un investissement couteux pour la collectivité.

Ensuite, s’il faut agrandir, le plus conforme à l’intérêt général intercommunal serait d’ouvrir une nouvelle déchetterie rive gauche de l’Isère, ce qui réduirait les déplacements et les volumes apportés à Crolles. Concrètement, la première mesure à prendre est de faire une demande officielle aux communes de Froges et Villard-Bonnot pour solliciter leur aide dans la recherche d’un terrain favorable à une déchetterie. A partir de là, nous verrons bien s’il y a – ou non – des solutions disponibles.

Enfin, quel que soit les mesures prises sur la déchetterie, il convient de poursuivre inlassablement les efforts pour inciter au compostage à domicile ou à proximité des immeubles, et aux achats peu ou pas emballés.

Je ne suis pas favorable aux redevances incitatives sur les déchets, je l’ai souvent dit et écrit, mais je suis très favorable à la pédagogie des coûts et à la transparence des données relatives à la vie publique. Pour commencer, la commune ne devrait pas communiquer sur ce projet de déchetterie sans donner d’informations sur les aspects financiers. Je demande aussi que les rapports de diagnostic sur les déchetteries (rapports IES) soient publiés sur les sites des communes concernées et du Grésivaudan, de même que les rapports d’activité des services de gestion des déchets.

Cette affaire de déchetterie et de zone commerciale est exemplaire. C’est un dossier concret, compréhensible sans connaissances techniques spécifiques, qui concerne tout le monde. Il serait facile, si la municipalité le souhaitait, d’en faire un cas d’école de bonne gouvernance locale.

Voir d'autres contributions sur www.lecrollois.fr

Francis Odier, 17 juillet 2012