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06 novembre 2012

Gallois, Gimbert et l’industrie du Grésivaudan

C’est notre actualité. Le 9 juillet 2012, Francis Gimbert est élu président du Grésivaudan. Dans son premier éditorial (Interlignes, n°13), il affiche « les priorités qui s’imposent : l’emploi d’abord, une priorité et une actualité qui s’imposent à nous ».

Comme en écho, le 11 juillet, le premier ministre écrivait la lettre de mission de Louis Gallois et lui confiait une triple ambition : « la compétitivité, la croissance et l’emploi ».

Quatre mois plus tard, on constate qu’il y a eu des pertes en ligne …  

Louis Gallois a clairement privilégié l’objectif de compétitivité, comme l’indique le titre de son rapport : « Pacte pour la compétitivité de l’industrie française », et comme il l’affiche dès les premières phrases : « Tous les indicateurs le confirment : la compétitivité de l’industrie française régresse depuis 10 ans et le mouvement semble s’accélérer (…) La perte de compétitivité industrielle est le signe d’une perte de compétitivité globale de l’économie française ».

Je ne regrette pas que la croissance passe à la trappe. Mais l’emploi !

Gallois voit l’emploi comme une retombée indirecte de la compétitivité. Il se situe ainsi dans le paradigme de la société de concurrence : « la politique de la concurrence domine toutes les politiques européennes qui ne peuvent se déployer que dans le cadre qu’elle définit. Cette domination est également idéologique (…) ».

Face à ce constat, nous n’avons droit qu’à une proposition très ambiguë et bizarre : « la politique de la concurrence doit être davantage mise au service de l’industrie européenne (je suis d’accord) et de sa compétitivité (mais là, on tourne en rond : la compétitivité vise à mieux s’insérer dans la concurrence. Comment la concurrence peut-elle favoriser la compétitivité ?). Nous proposons donc que toutes les décisions concernant la concurrence soient accompagnées d’un avis d’experts économiques et industriels, extérieurs à la Commission ; cet avis serait public ».

On comprend que Gallois voudrait bien limiter ou contrôler la concurrence, mais il n’ose pas le dire. Dommage. Le dogme de la concurrence peut dormir tranquille. Voilà qui ne va pas rassurer tous ceux qui souffrent de cet esprit de compétition qui survalorise les gagnants, broie les perdants et ronge la société. Faut-il écraser les espagnols, les roumains et les chinois pour redresser notre pays ? Non.

Alors, revenons au Grésivaudan. Il faut inverser l’ordre des facteurs, et là on retrouve l’idée de Gimbert : priorité à l’emploi. Dans le raisonnement, c’est le besoin d’emploi qui doit conduire à l’industrie. Si on oublie l’emploi, on peut développer une industrie compétitive hors sol.

Gallois l’affirme : « un emploi industriel génère 3 ou 4 emplois hors industrie ». Il ne cite pas ses sources et apparaît beaucoup plus optimiste que le rapport Reverdy (mai 2012, « Analyse de l’impact de STMicroelectronics sur l’emploi et le pôle économique Grenoble-Isère ») qui concluait à un ratio de 2,1 emplois dans le tertiaire pour 1 emploi créé dans la filière industrielle. Mais le consensus est solide : l’industrie permet un effet de levier significatif sur l’emploi.

Conséquence immédiate : dans leur politique de développement, les collectivités territoriales doivent se focaliser sur l’industrie.

Soyons concrets : nos communes et notre communauté de communes doivent arrêter de favoriser la consommation, l’installation de surfaces commerciales ou logistiques, de plateformes de services, et doivent concentrer leurs maigres ressources (financières, humaines, foncières …) sur les ateliers de production, à savoir l’industrie au sens historique du terme.

Le rôle des collectivités locales n’est pas de bêler avec les moutons, hurler avec les loups ou prendre le train en marche, bref, de subventionner ou encourager ce qui fonctionne déjà. La désindustrialisation vient (au moins en partie) de la course éperdue vers la compétitivité et du désintérêt, voire même d’un certain mépris, des dirigeants pour la production. Dès lors, les collectivités doivent prendre le contre-pied de la« société de la connaissance » (qui porte en germe le rejet des activités productives), investir dans la production et agir résolument, à leur niveau, pour fausser la concurrence.

Quels exemples concrets ? Et bien, c’est là que la démocratie participative et le dialogue seraient utiles. Demandons aux citoyens, au comité de développement, aux comités d’entreprise et aux organisations syndicales de la vallée ce qu’ils en pensent.

Monsieur le président Gimbert, pour qu’un sujet soit traité, il doit être visible. Si le chômage persiste depuis si longtemps à un niveau si élevé, c’est que beaucoup d’énergie a été consacrée à masquer ou éluder ce problème, et beaucoup moins à le crier. Si l’emploi est votre priorité, les questions relatives à l’emploi doivent être les premières discutées dans les instances communautaires.

Ma première proposition est de commencer chaque réunion de bureau communautaire, chaque réunion de conseil communautaire par des temps de parole confiés à des acteurs économiques porteurs de la problématique « emploi » : des comités de chômeurs, des entrepreneurs, des comités d’entreprise, des conseillers pour l’emploi … Il faudra de la ténacité, ce sera lourd et fastidieux, mais le pire serait que l’emploi d’abord ne soit qu’un slogan.

Seconde proposition : dire à quoi vous renoncez au bénéfice de la priorité pour l’emploi. Pas de priorité sérieuse sans renoncement. Je sais, ce n’est ni facile, ni dans la culture politique. Ce sera donc une innovation, une vraie, porteuse d’avenir.

Troisième proposition : revisiter le budget de la communauté de communes pour créer un fonds intercommunal de soutien à l’emploi dans l’industrie. Inviter les communes à faire de même. Orienter l’épargne locale vers ce fonds. Votre boulot pourrait être de fédérer l’engagement des citoyens pour l’emploi industriel.

Enfin : tous les six mois, faire le point publiquement sur les actions menées pour l’emploi.

Que produire ? J’ai déjà dit que je n’en savais rien, d’autres auront des idées … mais quand même, je ne peux m’empêcher d’évoquer quelques secteurs. Je garde le principe du contre-pied. Investissons l'argent public local dans ce qui a été délaissé, souvent considéré comme has been, mais qui est consommé sur place et ne demande pas des complexes industriels hors de notre portée : le textile, l’ameublement, les vélos, les matériaux de construction …

Monsieur le président Gimbert, le gouvernement cherche à agir via la compétitivité. Soyez complémentaire, et agissez au plus près de l’emploi.

Francis Odier, 6 novembre 2012

20 mars 2012

Drame de Toulouse, symptôme de démocratie d'émotion

Ce soir, à Froges puis à Crolles, étaient prévues des rencontres avec Arnaud Montebourg et Alain Vidalies, député des Landes, en charge de l’emploi dans l’équipe de campagne de Hollande.

Au petit matin, notre député nous informe : « suite au drame de Toulouse, François Hollande et son équipe de campagne ont décidé de suspendre jusqu'à mercredi les actions de campagne prévues. Les venues d'Arnaud Montebourg et d'Alain Vidalies sur la 5ème circonscription sont annulées. »

Pour moi, cette décision n’est pas bienvenue. Elle est symptomatique d’une démocratie malade, rongée par des dérives si ancrées dans la société qu’on ne les voit plus.

L’hommage aux victimes et la sympathie (au sens propre de souffrir avec) avec leurs proches imposaient sans doute de modifier la forme et le contenu des interventions envisagées, mais non d’annuler ces rencontres avec des parlementaires engagés dans la campagne électorale.

Au contraire, si on voit la politique comme la recherche du mieux vivre ensemble, alors un tel drame devrait décupler nos énergies militantes, nos envies de débattre pour comprendre et proposer. Une campagne électorale devrait être un moment privilégié pour cela.

Voilà ce que je ressens : certains candidats suspendent leur campagne car ils sentent confusément que leurs discours électoraux, sur le fond et la forme, ne sont pas à la hauteur des enjeux de notre société divisée, ne répondent pas vraiment à l’idéal de fraternité que chacun se remémore dans une période de deuil.

Cette suspension sonne comme un signal : alerte ! La campagne manque de profondeur.

Suspendre la campagne après un tel acte criminel, c’est, encore une fois, privilégier la démocratie de l’émotion.

Mélenchon et Bayrou ont fait des choix différents. Je les en remercie.

Et pourquoi faudrait-il que le pays tout entier marche au même pas, ressente les mêmes émotions au même moment, se soumette machinalement aux décisions du chef ?

Les candidats décident ce qu’ils pensent être juste dans leur situation. Mais, ici, dans le Grésivaudan, pourquoi Brottes n’a-t-il pas l’indépendance d’esprit et l’autonomie nécessaires pour décider, avec ses camarades locaux, de la meilleure manière d’adapter la réunion aux circonstances ?

L’excès de discipline et de conformisme nuit gravement à la démocratie.

Francis Odier, 20 mars 2012

A lire sur  http://www.liberation.fr/politiques/01012397154-toulouse-apres-la-treve-la-campagne-redemarre

Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) a pour sa part décidé de poursuivre sa campagne, en expliquant qu'il s'agissait «d'un acte de résistance». «Poursuivre la campagne, c'est un acte de résistance morale, intellectuelle et affective», a lancé l'eurodéputé, avant un déplacement à Massy, sur le thème des services publics. «C'est montrer qu'en toutes circonstances, la vie l'emporte sur la mort», a poursuivi Jean-Luc Mélenchon, dont l'agenda n'a pas été modifié. «Il ne faut pas mettre notre bouillante démocratie entre parenthèses du fait d'un odieux dégénéré assassin», a-t-il ajouté. «Nous ne sommes pas à la merci d'un dégénéré, il ne fait pas la loi, il ne nous impose pas son rythme, nous le rattraperons et il paiera», a-t-il insisté.

François Bayrou, candidat du MoDem, fait de même. «Ce n'est pas avec une parenthèse de trois jours qu'on y mettra un terme (à l'intolérance). Je ne pense pas à ces évènements de façon électorale mais de façon nationale. Ce climat d'intolérance croissant, il faut y mettre un terme. C'est la responsabilité du président de la République et du futur président de la République de dire aujourd'hui : on ne peut pas continuer comme cela», a déclaré à la presse François. Bayrou, en visite à Valence sur le thème de la santé.

(…)

Dès lundi soir, François Bayrou, le candidat MoDem, a relancé (le débat politique) en jugeant que la tuerie de Toulouse trouvait ses racines «dans l'état d'une société» malade de ses divisions et, surtout, en accusant les responsables politiques qui «montrent du doigt» en fonction «des origines» et font «flamber les passions».

«Les hommes publics ont le devoir de veiller à ce que les tensions, les passions, les haines ne soient pas à chaque instant entretenues», a-t-il dit. François Bayrou n'a publiquement visé personne mais a confié à la presse avoir en tête le discours de Grenoble, dans lequel Nicolas Sarkozy avait établi en 2010 un lien entre délinquance et immigration.

François Hollande l'a suivi mardi sur le même thème. «Il y a des mots qui influencent, qui pénètrent, qui libèrent, ceux qui ont des responsabilités doivent maîtriser leur vocabulaire», a-t-il relevé, «au sommet de l'Etat, rien ne peut être toléré, rien».

07 janvier 2011

La presque gratuité des Bus - une aventure administrative

« 40 euros par an pour les jeunes, 105 euros pour le plein tarif : c’est le prix fixé en 2009 pour se déplacer dans le Pays du Grésivaudan en bus. Nous atteignons presque la gratuité : les recettes de vente de billets représentent seulement 1 % des dépenses » [Francis Gimbert, vice-président de la communauté de communes du Grésivaudan en charge du transport, dans Les Antennes, oct / nov 2010].

 

Avec les Transports du Grésivaudan, bénéficiez de tarifs préférentiels

Voir http://www.le-gresivaudan.fr/Tarifs-preferentiels-TransIs...

Depuis juillet 2010, « la Communauté de communes Le Grésivaudan vous permet de bénéficier d’un abonnement TransIsère deux zones au coût d’un abonnement d’une zone. Le Grésivaudan a en effet décidé de compenser les usagers abonnés à TransIsère et pénalisés par le redécoupage des zones tarifaires, opéré depuis le 1er septembre 2009.

Vous pouvez bénéficier d’un remboursement d’une partie de votre abonnement TransIsère :

- Si vous résidez ou travaillez dans une des communes de la Communauté de communes Le Grésivaudan     Ou

- Si vous êtes scolarisé dans un établissement situé sur la Communauté de communes Le Grésivaudan. »

 

Voir la grille tarifaire sur le site du Grésivaudan. Il y a deux barèmes et un formulaire de demande de remboursement à télécharger. Selon le barème (désolé, je n’ai pas compris comment est déterminé le barème), le prix annuel payé au final (après remboursement) pour l’abonnement TransIsère deux zones s’échelonne entre 144 et 580 €.

 

A la rubrique « Titres & Tarifs », le site TransIsère - www.transisere.fr- appâte le chaland : « Vous avez peut-être droit à réduction ! »

 

Voici la liste des heureux bénéficiaires d’une réduction – et tant pis pour vous si vous ne savez pas ce que c’est qu’un PDE ou un PDA :

·        Vous avez moins de 19 ans

·        Vous avez moins de 26 ans

·        Vous êtes scolaire jusqu'au BAC, apprenti de -26 ans ou en contrat de professionnalisation

·        Vous êtes une personne présentant un handicap modéré à grave

·        Vous possédez la carte "famille nombreuse SNCF"

·        Vous êtes demandeur d'asile

·        Vous êtes salarié bénéficiant d'un PDE / PDA

·        Vous êtes demandeur d'emploi et/ou personne à faibles ressources

 

D’emblée nous sommes mis en garde sur la complexité de l’affaire, avant même de savoir de quel abonnement nous avons besoin :

  • « Tous les titres doivent être accompagnés d'un reçu à l'exception du billet 1 trajet.
  • Pour l'accès aux tarifs réduits, l'établissement préalable d'un Pass Identité est obligatoire.

Je suis intéressé par le Pass Annuel : « Valable 12 mois, il permet d'effectuer autant de trajets que souhaités pendant une période de 12 mois consécutifs (du 1er au dernier jour du mois), et donne accès à toutes les lignes Transisère et à tous les réseaux urbains isérois (hors SNCF) dans la limite des zones achetées. Pour être valable, le pass annuel doit être accompagné d'un reçu. Le Pass Annuel est nominatif et nécessite l'établissement d'un Pass Identité.

 

Damned, il faut d’abord que je prenne aussi un Pass Identité.

Mince, je ne pourrai pas prendre le train entre Grenoble Gare et Gières Université, ou entre Gières Université et Brignoud !

Doute atroce : ici, rien n’est dit sur les Transports du Grésivaudan.

Pour obtenir le Pass Identité, la première étape est « remplissez le formulaire "Simplifiez vous les transports"! et joignez une photo d'identité + les pièces justifiant votre réduction.

Quelles sont les pièces justificatives à fournir ? Mystère.

 

Je suis allé voir la SNCF, TER Rhône Alpes. Il y a 35 produits. Je trouve mon bonheur avec Abonnement Combiné TER + TAG Tout Public. « Cet abonnement mensuel (du 1er au dernier jour du mois) vous permet d'emprunter le TER depuis une gare de Rhône-Alpes jusqu'à Grenoble et de circuler librement sur le périmètre des transports urbains (PTU) de l'agglomération grenobloise en bus, tram ou TER *.

Avec cet abonnement, économisez 13% ** en moyenne en combinant vos abonnements TER + TAG

* liste des gares du périmètre des transports urbains : Echirolles, Grenoble, Grenoble-Universités-Gières, Pont-de-Claix, Saint-Egrève.

Pas de chance, il faudra que je rentre à pied depuis Gières ou que j’achète aussi un abonnement Transports du Grésivaudan.

J’essaye la carte Carte TER illico FREQUENCE. Cette carte permet d'obtenir jusqu'à 50% de réduction* dans tous les trains et autocars TER en Rhône-Alpes, quelle que soit la distance !

Je reviendrai quand TER aura repris le réseau du Grésivaudan …

 

On est loin de la simplicité. La gratuité permettrait d’abandonner ce type d’usine à gaz. C’est une erreur de croire que ces contraintes administratives ne jouent qu’un rôle minime dans l’attractivité du transport.

 

Imaginez le choc sociétal qui serait provoqué cette simple annonce : « Les transports en bus sont gratuits dans la région de Grenoble ».

 

En Ile de France, il y a une Autorité Organisatrice des Transports, le STIF. Petit jeu ! Ici, dans la région de Grenoble, un territoire beaucoup plus complexe, étendu et peuplé que l’Ile de France, nous avons toute une collection d’AOT : le Conseil Général, le Grésivaudan, le Pays Voironnais, la Métro …

 

Plutôt que créer une nième instance administrative, un syndicat mixte chargé de coordonner les AOT, mieux vaudrait dissoudre l’AOT du Grésivaudan et transférer son réseau (avec les ressources financières associées) au Conseil Général.

 

7 janvier 2011

02 janvier 2011

Déplacements : un grand retournement ... à petite vitesse

En matière de transports en France, la décennie 2000 – 2010 restera marquée comme celle du grand retournement de tendance : la fin de la croissance continue du trafic automobile.

 

Les experts sont formels (source : Enquête Ménages Déplacements 2010 sur la grande région grenobloise) : « Depuis 2006, des inflexions incontestables sont constatées dans les enquêtes ménages-déplacements menées dans les grandes agglomérations :

ü  baisse de la mobilité totale

ü  baisse de la mobilité voiture

ü  relance du vélo

ü  diminution de la part de marché voiture

ü  augmentation de la part de marché TC » 

 

Conf_presse_0612 2010 - enquete ménage.pdf

 

Le pic automobile est passé, de même que le pic pétrolier.

 

Une question qui se pose, maintenant, est celle du rythme d’évolution : pendant combien d’années encore les transports vont-ils rester une source majeure de nuisances ?

 

A cet égard, il est intéressant de comparer ce qui se passe dans l’agglomération grenobloise et hors agglomération :

-        la mobilité vélo est en augmentation uniquement dans l’agglomération : entre 2002 et 2010, + 43 % dans l’agglo, - 12 % hors agglo.

-        le parc automobile poursuit son développement. Le nombre de voitures à disposition augmente plus vite que la population. L’équipement automobile se développe sur l’ensemble des territoires, mais plus rapidement hors de l’agglomération grenobloise : + 3 % dans l’agglo, + 19 % en dehors.

-        la mobilité voiture est en forte baisse, surtout dans l’agglo : - 18 %, contre – 9 % dans le reste de la région grenobloise ;

-        à l’inverse, les transports collectifs augmentent plus fortement en dehors de l’agglo : + 22 %, contre + 13 % dans l’agglo. La hausse est plus sensible dans le Grésivaudan où les transports collectifs passent de 6 à 9 % que dans le Pays Voironnais (5% à 6%).

 

Ce qui apparaît ici, dans les premiers chiffres publiés de cette passionnante enquête ménage déplacements, c’est que rien n’est gagné en matière de mobilité douce ou collective en secteur péri-urbain. Autant l’inversion de tendance est réjouissante, autant la lenteur d’évolution me plonge dans une immense perplexité.

 

Pour le vélo, au risque de désespérer les municipalités qui ont construit les pistes cyclables ces dernières années, on voit que tout reste à faire en secteur péri-urbain : les statistiques sont cruelles, le vélo reste marginal.

 

La navette Express Voiron – Crolles (mise en service en 2003) a une fréquentation croissante et très honorable, de nombreuses grandes entreprises ont mis en place un Plan de Déplacement d’Entreprise –cf par exemple le PDE de ST qui a conduit à doubler, voire tripler, le nombre d’abonnés TransIsère, le Grésivaudan a créé en 2009 son propre réseau de Bus … et pourtant, la voiture représente encore 69 % des déplacements dans le Grésivaudan. Au rythme actuel, il faudrait attendre 2040 pour que la part de la voiture passe sous la barre des 50 % ! Et il s’agit d’une statistique en nombre de déplacements,  ne parlons pas des km parcourus …

 

Premier scénario : le report vers les Transports en Commun va s’accélérer car les Transports du Grésivaudan vont monter en puissance, en particulier suite à une campagne massive de communication, et car l’offre ferroviaire va être largement développée. Je voudrais bien m’approprier ces espoirs … mais le réalisme me fait constater que le réseau TransIsère plafonne (cf les restrictions décidées à l’automne 2010), que le Grésivaudan s’inquiète pour le coût de son réseau de transport, que la SNCF cherche à réduire sa dette, que l’électrification de la ligne Grenoble – Chambéry tarde à venir … Bref, la communication ne suffira pas et je crains que nos collectivités locales ne soient pas décidées à investir beaucoup plus dans les transports en commun.

 

Second scénario : le prix du pétrole retrouve ses niveaux sympathiques de l’été 2008 (avec un sommet à 148 $ le baril). Nous y allons peut-être doucement (91 $ aujourd'hui 2 janvier). La contrainte financière pénaliserait les ménages les plus modestes, et conduirait assez rapidement les élus à se mobiliser pour élargir l’offre de transports en commun. Dans ce scénario, nous subissons la situation économique internationale. Ce n’est pas vraiment satisfaisant.

 

D’où l’idée qu’on ne peut pas se contenter de jouer sur l’offre : il faut aussi agir sur la demande de mobilité, et d’abord de la demande de mobilité en voiture individuelle. C’est pourquoi il est urgent d’accélérer les études sur le péage urbain … si on ne veut pas rester empoisonné par les voitures pendant des décennies.

 

Il y a mille et une explications à la situation actuelle en matière de déplacements, mais il n’y a aucune raison de se résigner à une évolution à petite vitesse. Pensons que le téléphone mobile et Internet se sont déployés en une dizaine d’années, souvenons-nous de la vitesse de construction du métro parisien au début du 20ème siècle, relisons l’histoire de l’industrie de l’armement aux Etats-Unis pendant la seconde guerre mondiale  …

 

Allez, c’est décidé, en 2011, on appuie sur le champignon du péage, on lève le pied sur la bagnole, on installe un plan du réseau à tous les arrêts de bus, on prend le risque de la gratuité pour les bus … et on poursuit notre petit bonhomme de chemin pour la construction du réseau cyclable.

 

2 janvier 2011

 

Sur le péage urbain : www.edgarie.fr/archive/2010/08/10/pour-un-peage-urbain-a-... 

01 janvier 2011

A quoi sert un PLU ? L'exemple de l'hypermarché

Cette affaire d’hypermarché à Crolles, c’est un peu comme la déviation : un vrai serpent de mer, une question emblématique d’aménagement. Mais contrairement à la déviation, ce dossier a évolué de manière significative depuis quelques années.

 

La question « aurons-nous un hypermarché à Crolles ? » est récurrente depuis que le schéma directeur 2000 – 2010 de la région grenobloise « envisage (…) la possibilité d’implantation de nouveaux grands ensembles commerciaux à Crolles, Le Touvet, Pontcharra et de moyennes surfaces sur les pôles de  Villard-Bonnot, Goncelin, Allevard ». Ce schéma directeur reste applicable à ce jour.

 

En décembre 2007, lors d’une réunion publique sur le PLU, la municipalité présentait trois propositions de la grande distribution avec des surfaces de vente allant de 10 000 à 18 000 m2, sachant que la surface de vente de Casino est de l’ordre de 2500 m2. A l’époque, le maire prenait une certaine distance vis-à-vis de ces propositions, sans pour autant les exclure.

 

Aujourd’hui, il y a un assez large consensus, en France comme à Crolles, pour considérer que le modèle de l’hypermarché ne doit plus être reproduit car il contribue au dépérissement des centres villes, à la consommation d’espace, au trafic routier et aux encombrements aux abords des villes, à l’étalement urbain, à la culture de la consommation …

 

C’est dans cette logique que le PADD (Projet d’Aménagement et de Développement Durable) a inscrit au titre des leviers d’action : « Dynamiser le tissu commercial de proximité (centre-ville et quartiers) et développer dans le sud de la commune des moyennes surfaces ». En cohérence avec le PADD, le représentant de la commune a émis un avis défavorable à l’agrandissement de Casino (il était demandé + 978 m2, avec passage à l’enseigne Hyper) lors de la Commission Départementale d’Aménagement Commercial du 8 novembre dernier. Suivant l’avis de la commune, comme cela est fréquent, la commission a rendu un avis défavorable.

 

Le projet d'extension :  CDAC du 8 nov 2010 - doc préparatoire sur Extension Casino à Crolles.pdf

L'avis de la commission : PV de la CDAC du 8 nov 2010 sur agrandissement Casino de Crolles.pdf

 

Alors, tout est bien qui finit bien ? Il est trop tôt pour le dire. Il est possible que le Groupe Casino fasse appel de la décision. La commune sera alors confrontée à une difficulté de taille : l’agrandissement demandé est conforme au schéma directeur et le règlement d’urbanisme adopté dans le cadre du PLU est très peu restrictif pour le secteur concerné.

 

Depuis 2007, l’affichage politique de la municipalité a favorablement évolué sur cette question de la grande distribution. Le PLU était l’occasion de concrétiser cet affichage dans un texte réglementaire en édictant des règles proscrivant l’ouverture d’un hypermarché. Cette occasion a été manquée, ce qui risque de placer la commune dans l’obligation d’accepter un établissement non bienvenu, alors que d’autres projets (le centre commercial sur l’ancien site UGIMAG, Satoriz) acceptés ou encouragés par la municipalité vont avoir comme effet d’augmenter considérablement les surfaces commerciales, en drainant des clients venant de tout le Grésivaudan. 

 

Voir le dossier PLU : http://www.edgarie.fr/archive/2010/01/11/plu-de-crolles-le-dossier.html

Publié dans le journal municipal - janvier 2011