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07 janvier 2011

La mobilité est-elle un bien essentiel ?

 « La lutte contre la pauvreté passe par la gratuité des biens essentiels (…) Une civilisation utopique (messianique ou humaine) assurerait à l’humanité tout entière la gratuité des biens essentiels (…) Devrait donc être à terme considéré comme « bien essentiel » tout ce qui permet à un être humain de se former pleinement pour découvrir ce qu’il est capable d’apporter à la société (…) La société de la fraternité passe par la réalisation de l’économie de la gratuité (…) [Jacques Attali, l’avenir de la gratuité, dans Le sens des choses, 2009]

 

La mobilité est-elle un bien essentiel ?

 

Le raisonnement par l’absurde permet d’aller directement à la conclusion : oui, la mobilité est un bien essentiel. D’ailleurs, l’absence de mobilité, c’est la mort ou la prison. La mobilité contrainte, c’est le bracelet électronique.

 

Redressons la tête : depuis Lucy et sans doute auparavant, la mobilité humaine est le moteur indispensable de l’évolution. Pas de vie sans échange, pas d’interaction donc pas de création sans mobilité.

 

Revenons à nos moutons … Le droit à la marche n’est pas encore trop menacé (sauf dans certains espaces privatisés et sur les axes routiers où la voiture a chassé les piétons, mais passons pour l’instant sur ces détails). Et il n’est question ni d’ouvrir, ni même de rêver d’un droit à la mobilité en avion ou en TGV.  … Alors, où placer le curseur « bien essentiel » entre le droit à la marche dans l’espace public, le droit de se déplacer en vélo dans sa ville, d’être transporté dans sa commune, dans sa région ?

 

Ma proposition est la suivante. Elle est d’apparence tautologique : la mobilité est un bien essentiel à l’intérieur du bassin de vie, du bassin d’emploi.

 

Il faut bien définir des frontières (lire Régis Debray, Eloge des frontières) – alors je choisis la RUG. Je n’invente rien : ce sont les frontières du SCOT. Des éminences grises, des urbanistes savants, des fonctionnaires dévoués au service du public et des élus proches du terrain se sont mis d’accord : il y a un territoire qui demande de la Cohérence, je dirais même plus, un Schéma de Cohérence. Pourquoi chercher ailleurs un autre périmètre ?

 

La quasi-totalité des lignes de Bus restent à l’intérieur de la Région Urbaine de Grenoble. S’il y a une ligne de Bus Express Voiron – Crolles, avec presque 50 Aller - Retour quotidiens, c’est bien que ces deux villes appartiennent au même bassin de vie.

 

Qu’est-ce qu’une ville ? Une ville, c’est avant tout, une communauté humaine concentrée sur un espace réduit. Maintenant, comment cerner ce qui fait une communauté urbaine ? Quelles frontières fixer à nos villes péri-urbaines du Grésivaudan ? Ce sont les rencontres, les échanges et les proximités qui font la communauté. L’espace de la communauté, c’est celui de la mobilité. Je pense que la différence s’affaiblit entre ville et région urbaine. Nous avons changé de terme, c’est tout. Nos villages sont les quartiers d’antan. L’antique distinction entre le rural et l’urbain s’efface. Notre pays de vie, c’est Grenoble et sa région. Et dans cet espace où nous pouvons tout faire (travailler, consommer, échanger, rencontrer …), la mobilité est un bien essentiel.

 

Alors, comment financer les Transports en Commun ? L’impôt, le péage urbain … la collectivité finance moult services publics d’accès largement gratuits, même s’il existe des services similaires payants : l’éducation, la voirie, la sécurité civile, la télé, les musées, la police, la justice, la prison … tout ce qui contribue à fonder une société. Ajoutons la mobilité collective à cette liste de nos biens communs gratuits.

Publié dans Mobilité | Commentaires (0)

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