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28 septembre 2010

Les déplacements en région Grenobloise - le débat est ouvert

Suite à l’avis défavorable de la commission d’enquête publique sur la Rocade Nord, le Conseil Général de l’Isère a lancé un appel à idées et a organisé le 24 septembre 2010 un « débat citoyen » où 17 associations ou particuliers ont présenté une contribution. 

Pour ma part, j'ai plaidé pour un changement d'approche, la priorité aux solutions légères et réversibles.   Exposé Odier - CG38 24 sept 2010.pdf

Pas de doute, le vent a tourné !

Les quelques propositions de rocade, de liaison routière rapide ou de tunnel n’ont guère de crédibilité,  n’apportant pas d’élément nouveau par rapport au dossier retoqué de la DUP.

En revanche, les associations écolos et assimilées, venues en force, présentent un cocktail désormais classique, souvent raisonnable au plan financier, à base d’améliorations de l’existant, d’incitations en tout genre à l’usage des vélos et des TC, le tout complété par quelques projets « phare » de nouvelle ligne de tram, chaque intervenant ayant son bébé.

Deux inflexions, peu affirmées mais significatives, doivent attirer l’attention et me rendent particulièrement optimiste pour l’évolution des mentalités et les décisions futures :

-        Le péage urbain fait une percée remarquée. Certains avancent à pas de loup, prudents, encore étonnés et quelque peu effrayés par cette idée neuve : « il faut étudier (….) peut-être (…) c’est à regarder » ; d’autres, sérieux comme Jean Sivardière, ont résolument franchi le pas et adopté leur nouveau cheval de bataille ;

-         Le développement des TC, la construction de nouvelles lignes, n’est ni la priorité, ni le préalable, mais plutôt la cerise sur le gâteau (là, d’accord, j’exagère et je déforme la pensée des intervenants …) ou l’idée long terme qui doit guider la politique foncière pour que les espaces soient bien réservés. A cet égard, l’intervention de l’ADTC, qui symboliquement fermait la marche, est exemplaire. Le projet de tram Moirans – Crolles ne vint que pour clôturer un exposé centré sur l’amélioration de l’existant … et donner la parole à Vallini qui, comme dernier mot et avant-gout des décisions futures, affirma que Moirans est bien trop loin pour être desservi en tram.

D’un point de vue pédagogique, je retiens la démonstration d’Ecologie et Citoyenneté, de Meylan, qui, après une pesée pifométrique et magistrale, conclut au classement suivant des solutions selon le rapport bénéfices / coûts : 1) le co-voiturage et le taxi collectif ; 2) le vélo et le péage urbain (ex aequo, les deux solutions n’ont rien à voir, c’est toute la force de la démonstration) ; 3) l’extension des TC.

Le transport par câble fut défendu avec une énergie et une détermination impressionnantes. Un véritable bateleur nous asséna des démonstrations chiffrées, impossibles à analyser, mais qui produisirent un effet incontestable sur l’assemblée. Le sujet  ne va pas tarder à faire l’actualité.

Au titre des divertissements, nous eûmes un ingénieur chercheur qui présenta un véhicule électrique révolutionnaire, sorte de trolley généralisé capable d’embarquer des voitures pour du routage toute distance. Un dessinateur industriel proposa une esquisse julevernesque de route à 2 x 2 voies montées sur pilotis au-dessus de l’Isère. 

Ayant perdu une bataille mais pas la guerre, un ancien combattant fit front et présenta un projet de grande boucle sous les montagnes, d’abord sous la Chartreuse pour chauffer le tunnelier, et ensuite sous le Vercors.

Un nostalgique tenta de nous faire le coup du petit tunnel, juste une petite rocade, pas cher, allez, c’est mon dernier prix … Achetez l’Arc Bastille.

Sur la forme, chacun respecta la règle du jeu. Ni acclamations débordantes, ni sifflets mal venus. Seul regret, un manque de tact de la FRAPNA qui crut bon de combattre encore la Rocade Nord, méprisant l’usage qui interdit de critiquer un défunt pendant la période de deuil, surtout en présence des proches de la personne  disparue.

Au premier abord, on pouvait s’inquiéter de l’absence de débat. En fait, la formule choisie était assez pertinente. Soumis à une forte contrainte de temps, chaque orateur fut obligé d’aller à l’essentiel. La juxtaposition de 17 contributions structurées donne une image assez claire des divergences et convergences, bien mieux que les joutes oratoires auxquelles on assiste parfois. 

Dernier mot. La parité est un long chemin … Deux intervenantes sur 17 intervenants, une moyenne d’âge des orateurs qu’il vaut mieux ne pas calculer … les forces vives de la nation sont vaillantes, mais la relève tarde à venir.

Heureux présage toutefois, la jeunesse était représentée par les Verts et la FRAPNA.

A suivre,

Francis Odier

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Crolles, ton patrimoine fout le camp

La commune vient de voter son Plan Local d’Urbanisme. Le point 1 du Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) est « Préserver l’environnement et valoriser le patrimoine ».

En réalité …. Le PLU contient bien des dispositifs localisés de protection : les périmètres de protection autour de l’Abbaye du Moulin des Ayes et du château de Bernis, un inventaire d’éléments patrimoniaux à protéger, les zones naturelles, l’inscription d’un corridor écologique entre la plaine et les coteaux, les dispositions propres au marais de Montfort etc.

En revanche, il manque une politique de valorisation du patrimoine, ce qui demanderait de raisonner plus globalement au niveau des quartiers, de la commune et de l’insertion de la commune dans son voisinage. En effet, la protection de tel ou tel élément ponctuel n’est pas une fin en soi, même si chaque curiosité ou chaque vestige a une éminente valeur. L’essentiel, c’est l’environnement et le patrimoine dans lequel nous vivons.

A cet égard, des aménagements récents ou en cours suscitent un sérieux doute sur la volonté de la commune de préserver et valoriser réellement ce qui fait le patrimoine de Crolles, village issu de la ruralité, ville et campagne.

Notre patrimoine « fout le camp », comme l’écrit si bien Claude Muller dans une chronique récente sur son site.

 

Le quartier du Brocey est en deuil. Ses deux mûriers ont été coupés, en catimini. Avouez qu’il y a de quoi pleurer. Ces arbres plus que centenaires témoignaient de la vie paysanne de Crolles. Au printemps déjà, le bassin du Brocey, un autre lieu symbolique, n’a été sauvé du dépérissement que par une pétition de ses habitants. Aujourd’hui, la commune ne laisse filtrer de sa source qu’un mince filet d’eau, comme à regret.

Stupeur encore quand le journal municipal met en lumière ceux qui ont déménagé pierre par pierre un de ses derniers fours à pain. Ce n’est plus du symbole, c’est du détournement ! Personne ne comprend, surtout pas les résidants du plus ancien quartier de Crolles (dont je suis !). Autant leur dire : "Allez faire cuire votre pain ailleurs", cela serait plus clair !

Et devant tant d’interrogations, tous constatent que le Brocey est atteint d’une étrange contagion. La floraison de permis de construire. On nous annonce qu’un bâtiment de 28 logements va devoir s’enclaver, coûte que coûte au sein de ce vieux village. (Les mûriers en savent quelque chose !) Des terrains, que dis-je, des mouchoirs de poche, sur lesquels personne n’osait imaginer construire une maison, arborent aujourd’hui, comme des trophées de victoire, leurs promesses de masures. Et comme si tout cela ne suffisait pas, des projets d’élargissement de voies et de construction de parkings alimentent les rumeurs les plus folles. "C’est qu’il en faudra des routes pour ces nouveaux habitants !  Et comment garer leurs carrosses rutilants ?"

Alors, chacun réagit à sa manière. Les uns relisent l’Agenda 21 de la commune en se disant qu’ils ont dû rater un chapitre. Les autres méditent une vielle maxime paysanne, pleine de bon sens. "Pourquoi mettre la charrue avant les bœuf ?" Pourquoi laisser les promoteurs agir à leur guise dans ces anciens quartiers et ensuite imposer des aménagements dont personne ne veut, comme s’il fallait effacer toute trace de ruralité à Crolles.

Claude Muller

Septembre 2010

Publié dans Crolles