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28 février 2010

Elections régionales 2010 : pour Europe Ecologie

La tradition veut qu’un militant politique soutienne son parti … mais je me sens libre de m’affranchir de cette tradition.  

Certes, comme la discipline est la force des armées, la solidarité au sein d’un parti est  nécessaire pour gagner les élections. Mais je vois aussi les ravages provoqués par le réflexe pavlovien de soutien inconditionnel à celui qui a la même étiquette que soi.

D’abord, pourquoi faudrait-il ne soutenir qu’un seul parti ? Je suis bien adhérent simultané d’une bonne dizaine d’associations dont certaines sont sur des périmètres similaires, donc concurrentes entre elles. L’impératif de l’appartenance exclusive à un parti traduit en fait l’idée que la vocation d’un parti est la conquête du pouvoir, ce qui est une vision très réductrice qui oublie que l’essentiel, surtout pour des groupes minoritaires, est de porter une vision de la société, des propositions, des revendications ... en attendant d'être majoritaire et / ou en situation de responsabilité exécutive.

Le MoDem a été créé autour de quelques idées simples :

·         l’humanisme - terme galvaudé, objectif pouvant paraître vague et trivial, mais l’observation quotidienne de la société montre que si on le prend au sérieux comme projet de société,  c’est une valeur exigeante et radicale,

·         le réformisme - mot peu enthousiasmant mais qui traduit une lucidité de méthode,

·         le pluralisme – l’ancrage historique dans le centrisme, c’est le refus du manichéisme gauche / droite et le rejet des choix dictés par l’appartenance partisane,

·         le développement économique, social et écologique durable – cf le chapitre 1 du « projet humaniste » du MoDem, 2009.

Certains pensent que le MoDem est une écurie présidentielle. C’est leur affaire, c’est une hypothèse crédible, mais ce n’est pas mon point de vue, ni celui de nombreux militants, ni ce qui est écrit dans les textes fondateurs du mouvement.

Pour ces  élections régionales 2010, au vu des programmes et de la campagne menée par les uns et les autres, mon vote sera pour Europe Écologie qui est, beaucoup mieux que le MoDem, en situation de faire progresser concrètement les valeurs de Démocratie et d’Écologie.

Je l’ai souvent dit : la qualité des méthodes détermine la qualité des décisions. Or, sur ce terrain, Europe Écologie a donné des signes d’ouverture,  de pluralisme et de sérieux sur le fond qui augurent bien de sa capacité à influencer positivement notre société.

Francis Odier, 28 février 2010

Affaire Proglio : le cumul banalisé

L’affaire Proglio a fait couler beaucoup d’encre … sans empêcher le moins du monde notre cumulard de cumuler.

S’agit-il d’une pure dérive sarkozienne, l’abus de pouvoir, la prime au premier cercle du  Fouquet’s ? Certes, la tentation est grande de conclure ainsi. Hélas, ce serait trop simple. Les événements sont individuels, mais les phénomènes sont culturels.

Mieux vaut constater que la société dans son ensemble, dans son identité française, s’accommode de cette situation.

D’où vient cette tolérance sociale vis-à-vis du cumul ? Dans un pays jacobin comme dans tout groupe hiérarchisé, l’exemple vient de la tête. Et la tête d’une démocratie, c’est son parlement. Une hypothèse ne peut être exclue : quel que soit l’opprobre public et médiatique, Proglio, en bon citoyen, ne fait que suivre l’exemple des représentants du peuple, de ceux qui édictent les règles de fonctionnement de la République.

C’est la seule hypothèse vraiment crédible : la France aime le cumul, il n’y a pas de raisons  de s’en priver au moment où une occasion se présente.

Peu avant sa nomination comme président d’EDF, Proglio fut invité à répondre aux questions de députés et de sénateurs. Auditionné devant des commissions de cumulards, il ne fallait pas s’attendre à trop de questions incisives sur le cumul des présidences EDF et Véolia.

Libération, le 29 octobre 2010, s’en est indigné, à sa manière, sans nuance, en titrant « Proglio fait avaler sa double casquette ». La Tribune est plus sobre, question de style, et se contente d’un constat qui en dit long : « Cette double casquette a suscité des critiques politiques et du secteur économique ». La désapprobation étant générale, le journal n’estime même pas nécessaire de donner un seul argument expliquant cette situation baroque (cf Jouyet, AMF) et indéfendable.

Et nous voilà de nouveau encumulé : tout le monde est contre, personne ne bouge -  et les administrateurs dociles d’EDF et de VEOLIA font la basse besogne de ratifier le cumulard,  entérinant l’exception française avec la complicité du plus grand nombre, de la foule et de ses élites.

Patience … ce n’est pas la fin de l’histoire. 

Francis Odier, mars 2010

 

Cumul - Proglio - revue de presse.pdf

Qualité des débats - conseil municipal du 12 février 2010

La qualité des processus de délibération détermine la qualité des décisions. Qu'en est-il à Crolles ? 

 

Voici l’analyse de quelques morceaux choisis, mais néanmoins représentatifs, des débats du conseil municipal du 12 février 2010.

 

Je me situe sur le plan de la qualité des prises de paroles et, surtout, des échanges. Le but est d’analyser les propos, de voir en quoi il y a eu - ou non - dialogue, débat, délibération, construction …. Cette analyse permet de  repérer quelques bonnes règles dont l’application contribue à la qualité des séances.

 

Je repère  aussi  des dysfonctionnements (écarts et erreurs) et / ou procédés manipulatoires (fautes déontologiques) qui devraient être proscrits dans une instance qui se revendique démocratique.

 

Il est possible que mon statut de minoritaire me rende plus sensible aux dérives et anomalies qu’aux interventions correctes et exemplaires. Pour me préserver autant que possible de cette inclination naturelle à la critique négative, je commence par les meilleurs moments de ce conseil municipal.

 

Il n’y a pas de règle universelle, donc ce serait un raccourci hasardeux et simpliste de croire que tel procédé utilisé avec bonheur dans une circonstance particulière constitue une « bonne règle » à généraliser. De même, pour les réponses à côté ou manipulatoires : en cherchant bien, peut-être trouvera-t-on des circonstances où tel type de propos est bienvenu. A voir. En attendant, je pense qu’il est utile de s’entraîner à la déconstruction lucide de ces paroles politiques qui occupent une grande place dans la société.

 

Les « citations» sont  pour partie issues de mes notes en séance et pour partie de mémoire (le lendemain). J’ai parfois reformulé dans un but de concision, mais je pense être fidèle aux propos tenus.

Lire : CM du 12 février 2010 - aperçu sur la qualité des débats.pdf

 

28 février 2010

 

A suivre – dans un prochain billet à parution non planifiée : mais qu’est ce donc que « délibérer » ?

27 février 2010

L'art de délibérer - introduction

Dans cette rubrique, je vais essayer de rendre compte des échanges qui se tiennent au conseil municipal - et dans d'autres lieux - avec l'objectif d'illustrer et d'analyser ce qui se joue dans une instance qui "délibère". Les premiers billets seront sur le registre de la communication : les procédés oratoires utilisés, les bonnes pratiques et les dérives manipulatoires. Ensuite ... je verrai bien où ce travail mènera.

 

Le registre de la déontologie de la communication a déjà été abondamment labouré. Je ne pars pas les mains vides. Je vous recommande en particulier deux ouvrages excellents qui stimulent l'esprit critique :

 

- Le "petit cours d'auto-défense intellectuelle", un vrai best seller, un succès amplement mérité, par Normand Baillargeon. On y trouvera un large survol des outils fondamentaux que doit maîtriser tout penseur critique : le langage, la logique, la rhétorique, les nombres, les probabilités, la statistique, etc. " Si nous avions un vrai système d'éducation, on y donnerait des cours d'autodéfense intellectuelle. "
Noam Chomsky.

 

- "La parole manipulée", de Philippe Breton, Editions La Découverte, 1997 - 2000. Très complet, plus technique et moins militant que le Baillargeon. Extraits de la conclusion : "N'est-ce pas dans l'apprentissage de l'échange de la parole que nous apprenons à être citoyen ? (...) Entre une parole illusoirement rationnelle et une parole marquée au coin du laisser-faire le plus absolu, c'est tout un univers de responsabilité qui s'ouvre, dont la règle est le respect de l'autre".

 

Je cherche un terme pour décrire l'art de la délibération : échanger et débattre pour valider des choix, mais aussi construire des diagnostics partagés, identifier les consensus, les désaccords et les incertitudes, décider des actions cohérentes avec les objectifs ...

 

En privilégiant l'argumentation, il me semble que la "réthorique" ne couvre qu'une partie du sujet.

 

J'étais tenté par la débatologie, mais ce néologisme n'est pas assez sérieux ! Et ne met pas assez l'accent sur l'idée qu'il s'agit de raisonner en groupe, à haute voix et par écrit. Si vous avez des idées, je suis preneur.

 

francis.odier@orange.fr - 27 février 2010

22 février 2010

Taxe carbone et redevance incitative : quel est le bon impôt ?

Voir le dossier sur la redevance incitative sur les déchets : La redevance incitative sur les déchets - fausse bonne idée - 22 février 2010.pdf

 

Dans cette controverse sur la redevance incitative, ce n’est pas le principe de la fiscalité écologique qui est en cause. Une comparaison avec la taxe carbone le montrera.

 

Avertissement : j’évoque ici la taxe carbone telle qu’elle avait été envisagée par les associations environnementales et le rapport Rocard, non la taxe votée par l’UMP et censurée par le conseil constitutionnel.

 

Efficacité du signal prix

 

Autour de 30 € la tonne de CO2, il y a consensus pour estimer que la taxe carbone produirait un signal prix. Surtout, l’idée de fond, géniale, est d’affirmer le principe d’une augmentation continue de la taxe. Ainsi, chacun peut s’organiser dans la durée. La taxe est durablement incitative.

 

Pour les déchets, seule la part variable sera incitative. Les sommes en jeu sont beaucoup plus faibles. Personne n’a imaginé d’augmenter la redevance chaque année.

 

Collectif / individuel

 

Dans les deux cas, les organisations et les individus sont concernés par la nouvelle taxe / redevance. La principale différence concerne les effets de nos impôts :

-       la taxe carbone incite aux transports collectifs et à l’habitat regroupé (plus économe en énergie) ;  

-       la redevance incitative incite à gérer sa poubelle individuellement et favorise l’habitat individuel disposant de capacités propres de recyclage des déchets verts.

 


Préventif / punitif

 

La redevance incitative sur les déchets (RI) intervient en aval : après la production du déchet, quand celui-ci est pris en charge par la collectivité. A ce titre, on peut la qualifier de punitive.

 

La taxe carbone (TC) est plutôt préventive et dissuasive :

-       pour les entreprises, notamment les industriels, qui gèrent leurs charges et leurs investissements, la taxe carbone est réellement incitative aux économies : en bonne gestion, elle est prise en compte dès l’élaboration des budgets, en amont de toute activité, voire même en amont de toute décision d’investissement ;

-       pour les carburants vendus aux particuliers ou aux entreprises de transport, la taxe carbone intervient quand on achète le produit polluant, mais avant l’utilisation de ce produit. Donc elle incite à économiser le précieux produit.

 

Il y a deux situations où nos deux impôts sont assez similaires :

-       pour l’électricité, c’est la consommation de l’énergie qui déclenche le paiement de la taxe carbone, donc trop tard,

-       pour les déchets verts d’un particulier pouvant composter, la redevance incitative intervient avant la décision de jeter ou composter. Donc, la TI peut être réellement incitative, en amont, si on le choix de ne pas transformer un produit organique non comestible en déchet.

 

Les opposants à la taxe carbone faisaient une remarque similaire à propos des transports : si je n’ai pas le choix de prendre un transport en commun, alors la taxe carbone est purement punitive, et non incitative aux économies d’énergie. On peut discuter cette objection (en considérant que tout le monde a une part de choix de ses modes de vie). Cependant, elle montre bien, s’agissant de la redevance sur les déchets, que la fiscalité écologique n’a de sens qu’en cohérence avec d’autres mesures de réduction des déchets à la source.

 

Efficacité

 

La taxe carbone peut être prélevée à la source chez les distributeurs d’énergie (électricité, gaz, carburants …), à charge pour eux d’intégrer cet impôt dans leur prix de vente. Les sommes en jeu sont assez vite colossales, la taxe est centralisée au niveau national : les conditions de l’efficacité sont réunies.

 

A l’inverse, la redevance incitative sur les déchets est payée par les particuliers. Le recouvrement est décentralisé, chaque collectivité devant mettre en place son propre dispositif.

 

Conclusion

 

La taxe carbone cumule de nombreux avantages : plutôt préventive (même si elle a aussi une dimension punitive), efficace, simple à collecter, vecteur de comportements collectifs.

 

Si vous trouvez une redevance incitative sur les déchets qui a les mêmes qualités, merci de me faire signe.

 

Publié dans Economie | Commentaires (0)