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28 septembre 2010

Crolles, ton patrimoine fout le camp

La commune vient de voter son Plan Local d’Urbanisme. Le point 1 du Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) est « Préserver l’environnement et valoriser le patrimoine ».

En réalité …. Le PLU contient bien des dispositifs localisés de protection : les périmètres de protection autour de l’Abbaye du Moulin des Ayes et du château de Bernis, un inventaire d’éléments patrimoniaux à protéger, les zones naturelles, l’inscription d’un corridor écologique entre la plaine et les coteaux, les dispositions propres au marais de Montfort etc.

En revanche, il manque une politique de valorisation du patrimoine, ce qui demanderait de raisonner plus globalement au niveau des quartiers, de la commune et de l’insertion de la commune dans son voisinage. En effet, la protection de tel ou tel élément ponctuel n’est pas une fin en soi, même si chaque curiosité ou chaque vestige a une éminente valeur. L’essentiel, c’est l’environnement et le patrimoine dans lequel nous vivons.

A cet égard, des aménagements récents ou en cours suscitent un sérieux doute sur la volonté de la commune de préserver et valoriser réellement ce qui fait le patrimoine de Crolles, village issu de la ruralité, ville et campagne.

Notre patrimoine « fout le camp », comme l’écrit si bien Claude Muller dans une chronique récente sur son site.

 

Le quartier du Brocey est en deuil. Ses deux mûriers ont été coupés, en catimini. Avouez qu’il y a de quoi pleurer. Ces arbres plus que centenaires témoignaient de la vie paysanne de Crolles. Au printemps déjà, le bassin du Brocey, un autre lieu symbolique, n’a été sauvé du dépérissement que par une pétition de ses habitants. Aujourd’hui, la commune ne laisse filtrer de sa source qu’un mince filet d’eau, comme à regret.

Stupeur encore quand le journal municipal met en lumière ceux qui ont déménagé pierre par pierre un de ses derniers fours à pain. Ce n’est plus du symbole, c’est du détournement ! Personne ne comprend, surtout pas les résidants du plus ancien quartier de Crolles (dont je suis !). Autant leur dire : "Allez faire cuire votre pain ailleurs", cela serait plus clair !

Et devant tant d’interrogations, tous constatent que le Brocey est atteint d’une étrange contagion. La floraison de permis de construire. On nous annonce qu’un bâtiment de 28 logements va devoir s’enclaver, coûte que coûte au sein de ce vieux village. (Les mûriers en savent quelque chose !) Des terrains, que dis-je, des mouchoirs de poche, sur lesquels personne n’osait imaginer construire une maison, arborent aujourd’hui, comme des trophées de victoire, leurs promesses de masures. Et comme si tout cela ne suffisait pas, des projets d’élargissement de voies et de construction de parkings alimentent les rumeurs les plus folles. "C’est qu’il en faudra des routes pour ces nouveaux habitants !  Et comment garer leurs carrosses rutilants ?"

Alors, chacun réagit à sa manière. Les uns relisent l’Agenda 21 de la commune en se disant qu’ils ont dû rater un chapitre. Les autres méditent une vielle maxime paysanne, pleine de bon sens. "Pourquoi mettre la charrue avant les bœuf ?" Pourquoi laisser les promoteurs agir à leur guise dans ces anciens quartiers et ensuite imposer des aménagements dont personne ne veut, comme s’il fallait effacer toute trace de ruralité à Crolles.

Claude Muller

Septembre 2010

Publié dans Crolles

20 août 2010

La ville et le piéton

Une ville en marche, pour la marche en ville, par Fanch Ruellan, septembre 2009. Projet de fin d’étude – M2 urbanisme et projet urbain. UPMF et Institut d’Urbanisme de Grenoble.

 

C’est à la fois très sérieux et facile à lire.  7 Mo : youllnever_walk_alone.pdf

 

 

La thèse s’ouvre par une citation d’Einstein : « On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l'ont engendré », invitation à innover non pas au plan technique, mais d’abord au plan intellectuel.

 

Une première partie, « la ville et le piéton, la ville contre le piéton ? » montre combien nous sommes pénalisés par l’excès automobile.

 

Nombreux sont ceux qui se reconnaîtront dans ce portrait de schizophrènes « à propos de nos sociétés partant vivre dans le périurbain pour fuir les désagréments de la ville et de l’automobile. Mais fuir pour les utiliser plus encore car les emplois sont restés en cœur d’agglomération. Pour cela il faut des voies efficaces et rapides. Et donc pour le bonheur de quelques-uns, on sacrifie la tranquillité de beaucoup d’autres qui voient passer les véhicules sous leurs fenêtres.

 

On espère alors résoudre le problème en créant des voies de contournement ou en concentrant les flux sur les artères existantes. Nous mettrons ça sur le compte du refus, volontaire ou non, d’en voir les conséquences plutôt que la pathologie. Mais c’est donc là encore un cercle vicieux qui conduit à l’étalement urbain toujours plus lointain. (…) »

 

Après une partie méthodologique (outils et méthodes pour construire une ville favorable aux pratiques piétonnes), on en vient à l’essentiel : les cultures d’aménagement disponibles, et la proposition de l’auteur : « faire cohabiter ».

 

La thèse me conforte dans la conclusion suivante : Au titre des idées épuisées, qui ont donné tout leur jus, et qui sont désormais stériles, il faut inscrire les sites propres, la séparation des flux : trop couteux en espaces et qui engagent dans des spirales sans fin d’éloignement, d’installations techniques et de réglementations asservissantes.

 

Au plan idéologique, l’idée du partage me séduit infiniment plus que celle de la spécialisation. De plus, le principe « espace partagé » est extrêmement robuste et évolutif : inventez un nouveau mode de transport … et il s’insère sans peine dans un espace partagé. C’est ainsi que la réflexion « la ville et le piéton » peut facilement être transposée à « la ville et le cycliste » et, plus généralement, « la ville et nous ».

 

Pour mémoire, et car il faut relier les idées, je défend le même point de vue pour les aires d’accueil des gens du voyage, en particulier pour les aires de grand passage. Voir http://www.edgarie.fr/archive/2009/08/28/accueil-des-gens...   La loi prévoit des sites dédiés qui n’auraient vocation à être utilisés que quelques semaines par an. C’est une absurdité. Organisons le partage.

 

J’ai eu le plaisir de lire cet été un ouvrage étonnant : le Tour du monde d’un sceptique, par Aldous Huxley qui raconte son voyage en Inde et dans quelques autres contrées asiatiques. Mais, diantre, quel est le lien avec notre affaire ? C’est le partage ! Les indiens partagent aussi la chaussée avec les vaches …

 

 

 

Concrètement, par quoi pourrait-on commencer ? Fanch Ruellan insiste sur un élément important de méthode, que je traduit par pragmatisme, expérimentation et réversibilité : « Cette philosophie (l’espace partagé) n’est nullement transposable à tous les espaces de la ville de manière systématique. Il faut sans cesse la requestionner et chercher à l’adapter aux caractéristiques du lieu que l’on veut aménager ».

 

Il n’y a donc pas lieu de chercher plus loin dans les mesures concrètes, générales, que l’on pourrait appliquer. Maintenant, il faut réfléchir, au cas par cas. Et c’est là que les choses peuvent vraiment commencer.

 

Mais, attention, Huxley n’est pas encore rentré à Londres et il aiguise sa lucidité : « la majorité des actions humaines ne sont pas faites pour être examinées avec les yeux de la raison ». Donc, il ne suffira pas d’argumenter … ni même de contraindre, encore faudra-t-il essayer. « Il est bien des choses qui ne paraissent impossibles que tant qu'on ne les a pas tentées » (André Gide, cité par Fanch Ruellan).

 

 

Résumé de l’auteur :

La ville traditionnelle façonnée pour les modes lents, s’est étendue et a été organisée pour permettre la circulation aisée des automobiles. Petit à petit, à force de les oublier ou de les envisager en creux, le nombre de piétons a diminué. Contraints à des parcours parfois périlleux, peu sûrs ou désagréables dans cet environnement adapté à l’automobile nombreux sont ceux qui sont devenus automobilistes, usagers des transports en commun, ou même, quasi captifs de leurs lieux de résidence.

 

Ce travail explore les conditions favorables aux pratiques piétonnes et leurs mises en œuvre : planification, programmation, communication, travail sur l’espace public. Il démontre qu’il est possible de se passer au moins partiellement des solutions techniques pour gérer les circulations automobiles en passant du partage de l’espace à l’espace partagé.

 

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21 juin 2010

L'avis critique du préfet sur le PLU de Crolles

 

[21 juin 2010]

 

LE sujet le plus important à traiter par le conseil municipal, c’est bien l’urbanisme qui engage l’évolution de la commune pour des décennies. C’est pourquoi nous revenons sur le projet de PLU qui vient d’être soumis à enquête publique en donnant un aperçu de l’avis du préfet sur ce dossier.  avis préfet sur PLU de Crolles - mai 2010.pdf (attention : 7 Mo)

 

Voir aussi l' avis critique de la chambre d'agriculture  avis Chb Agric 1.pdf  et l'avis du Conseil Général de l'Isère  avis CG38.pdf  qui demande l'application de la convention AREA - COSI - Département, ce qui revient à mettre en cause le projet de déviation.

 

Selon la loi, le règlement PLU a comme objet de définir des règles qui permettent d’atteindre les objectifs définis dans le Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD). Or le préfet relève plusieurs objectifs du PADD non transcrits dans le règlement PLU.

 

 Exemples : le règlement PLU ne dit pas comment « affirmer une ambition architecturale et une esthétique urbaine de qualité » ; « la préservation des perspectives sur les grands paysages n’est suivie d’aucune mesure concrète » ; «  le PADD affiche comme « levier d’action » la dynamisation du tissu commercial de proximité et le développement de moyennes surfaces notamment dans le sud de la commune, mais le PLU ne précise pas de quelle manière cet objectif sera mis en œuvre ».

 

Ce qui apparaît clairement, à la lecture de l’avis du préfet, c’est que, sur de nombreux points, le PADD n’est qu’un document creux, le PLU ne contenant pas les dispositions qui permettraient de concrétiser les objectifs affichés par la commune.

 

Sur la voie de contournement, le préfet est très critique. D’emblée, il signale que la commune n’a pas justifié son projet : « il convient d’exposer et de justifier de manière détaillée le tracé de la voie de contournement, notamment en raison de son impact sur plusieurs zones protégées à divers titres : (…) ».

 

Ensuite, après de nombreuses remarques sur les imprécisions et erreurs du chapitre « déplacements » du rapport de présentation, il indique : « concernant la voie d’évitement, son intérêt semble à relativiser. En effet, la part de trafic de transit qui pourra être captée est faible vis à vis du trafic global sur la RD 1090, même si une partie du trafic d’échange est susceptible de l’emprunter. Par contre, elle rend à nouveau plus attractif l’emprunt de la RD 1090 depuis Chambéry ou Pontcharra. Le risque est de renvoyer sur la RD 1090 une partie du trafic de transit actuellement présent sur l’autoroute A41 ».

 

Le préfet relève un certain nombre de lacunes dans le rapport de présentation du PLU, lacunes portant notamment sur :

-       la ressource en eau : « les besoins en eau potable ne sont pas indiqués pour l’avenir », sans doute car la commune n’a effectué aucune simulation sur l’évolution de la population ;

-       les risques naturels : certains risques (par exemple le « ruissellement généralisé de versant ») n’ont pas été cités, ce qui évoque, pour nous, l’erreur consistant à développer l’urbanisation en pied de coteaux ;

-       les risques technologiques : le rapport ne mentionne pas que « le site de l’ancien établissement EUROMAG UGIMAG] est répertorié au titre des sites et sols pollués », et pourtant la municipalité a approuvé récemment l’implantation sur ce site d’un futur centre commercial.

 

Bien d’autres manques et imprécisions sont mentionnés par le préfet qui signale ainsi la piètre qualité du rapport de présentation du PLU. Il faut pourtant rappeler qu’il n’y a pas de démocratie sans information sincère des citoyens. 

 

Après 15 pages d’observations critiques, le préfet conclut avec « un avis favorable sous réserve » de la prise en compte d’un certain nombre d’observations et il « attire l’attention sur les remarques formulées quant aux attendus du projet de voie de contournement ».