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20 août 2010

La ville et le piéton

Une ville en marche, pour la marche en ville, par Fanch Ruellan, septembre 2009. Projet de fin d’étude – M2 urbanisme et projet urbain. UPMF et Institut d’Urbanisme de Grenoble.

 

C’est à la fois très sérieux et facile à lire.  7 Mo : youllnever_walk_alone.pdf

 

 

La thèse s’ouvre par une citation d’Einstein : « On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l'ont engendré », invitation à innover non pas au plan technique, mais d’abord au plan intellectuel.

 

Une première partie, « la ville et le piéton, la ville contre le piéton ? » montre combien nous sommes pénalisés par l’excès automobile.

 

Nombreux sont ceux qui se reconnaîtront dans ce portrait de schizophrènes « à propos de nos sociétés partant vivre dans le périurbain pour fuir les désagréments de la ville et de l’automobile. Mais fuir pour les utiliser plus encore car les emplois sont restés en cœur d’agglomération. Pour cela il faut des voies efficaces et rapides. Et donc pour le bonheur de quelques-uns, on sacrifie la tranquillité de beaucoup d’autres qui voient passer les véhicules sous leurs fenêtres.

 

On espère alors résoudre le problème en créant des voies de contournement ou en concentrant les flux sur les artères existantes. Nous mettrons ça sur le compte du refus, volontaire ou non, d’en voir les conséquences plutôt que la pathologie. Mais c’est donc là encore un cercle vicieux qui conduit à l’étalement urbain toujours plus lointain. (…) »

 

Après une partie méthodologique (outils et méthodes pour construire une ville favorable aux pratiques piétonnes), on en vient à l’essentiel : les cultures d’aménagement disponibles, et la proposition de l’auteur : « faire cohabiter ».

 

La thèse me conforte dans la conclusion suivante : Au titre des idées épuisées, qui ont donné tout leur jus, et qui sont désormais stériles, il faut inscrire les sites propres, la séparation des flux : trop couteux en espaces et qui engagent dans des spirales sans fin d’éloignement, d’installations techniques et de réglementations asservissantes.

 

Au plan idéologique, l’idée du partage me séduit infiniment plus que celle de la spécialisation. De plus, le principe « espace partagé » est extrêmement robuste et évolutif : inventez un nouveau mode de transport … et il s’insère sans peine dans un espace partagé. C’est ainsi que la réflexion « la ville et le piéton » peut facilement être transposée à « la ville et le cycliste » et, plus généralement, « la ville et nous ».

 

Pour mémoire, et car il faut relier les idées, je défend le même point de vue pour les aires d’accueil des gens du voyage, en particulier pour les aires de grand passage. Voir http://www.edgarie.fr/archive/2009/08/28/accueil-des-gens...   La loi prévoit des sites dédiés qui n’auraient vocation à être utilisés que quelques semaines par an. C’est une absurdité. Organisons le partage.

 

J’ai eu le plaisir de lire cet été un ouvrage étonnant : le Tour du monde d’un sceptique, par Aldous Huxley qui raconte son voyage en Inde et dans quelques autres contrées asiatiques. Mais, diantre, quel est le lien avec notre affaire ? C’est le partage ! Les indiens partagent aussi la chaussée avec les vaches …

 

 

 

Concrètement, par quoi pourrait-on commencer ? Fanch Ruellan insiste sur un élément important de méthode, que je traduit par pragmatisme, expérimentation et réversibilité : « Cette philosophie (l’espace partagé) n’est nullement transposable à tous les espaces de la ville de manière systématique. Il faut sans cesse la requestionner et chercher à l’adapter aux caractéristiques du lieu que l’on veut aménager ».

 

Il n’y a donc pas lieu de chercher plus loin dans les mesures concrètes, générales, que l’on pourrait appliquer. Maintenant, il faut réfléchir, au cas par cas. Et c’est là que les choses peuvent vraiment commencer.

 

Mais, attention, Huxley n’est pas encore rentré à Londres et il aiguise sa lucidité : « la majorité des actions humaines ne sont pas faites pour être examinées avec les yeux de la raison ». Donc, il ne suffira pas d’argumenter … ni même de contraindre, encore faudra-t-il essayer. « Il est bien des choses qui ne paraissent impossibles que tant qu'on ne les a pas tentées » (André Gide, cité par Fanch Ruellan).

 

 

Résumé de l’auteur :

La ville traditionnelle façonnée pour les modes lents, s’est étendue et a été organisée pour permettre la circulation aisée des automobiles. Petit à petit, à force de les oublier ou de les envisager en creux, le nombre de piétons a diminué. Contraints à des parcours parfois périlleux, peu sûrs ou désagréables dans cet environnement adapté à l’automobile nombreux sont ceux qui sont devenus automobilistes, usagers des transports en commun, ou même, quasi captifs de leurs lieux de résidence.

 

Ce travail explore les conditions favorables aux pratiques piétonnes et leurs mises en œuvre : planification, programmation, communication, travail sur l’espace public. Il démontre qu’il est possible de se passer au moins partiellement des solutions techniques pour gérer les circulations automobiles en passant du partage de l’espace à l’espace partagé.

 

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