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27 novembre 2010

Pour que le Développement Durable ne soit pas qu'un slogan

C’est un document exceptionnel, avec des affirmations percutantes sur le développement durable.

 

J’avais les actes de ce colloque en stock depuis quelques mois. Alors que le Grenelle de l’Environnement est enlisé, c’est le moment de relire ce que nous savons tous, même si ce n’est pas simple de l’accepter : d’une manière ou d’une autre, il va bien falloir changer nos modes de consommation et d’aménagement.

 

Certes, tout cela n’est que grand-messe, et ce bel unanimisme n’empêche pas l’aboulie collective.

 

Mais les idées sont là, autant les diffuser pour que le DD ne soit pas qu'un slogan

 Assises du DD - Rhone Alpes - janvier 2009.pdf

 

Extraits :

 

To be not to have, that is the question.

 

Nous avons tous les moyens, n’attendons pas la fin.

(…)

Des ateliers (…), il ressort la nécessité «d’une philosophie joyeuse de la déconsommation pour montrer que consommer moins, c’est gagner en liberté. Comme arrêter de fumer». Le capitalisme s’est approprié le concept de liberté en le limitant à la liberté de consommer. Mais cette liberté partielle est aussi un  asservissement. Comme le dit Aminata Traoré, ancienne ministre de la Culture du Mali, «les biens nous possèdent autant que nous les possédons».

 

(…)

Les gens sont prêts à aller vers un développement durable, mais pas tous seuls. Et, selon Bernard Perret, «c’est au politique d’assurer cette cohérence». Or, en ce domaine, les gouvernants ne font pas ce qu’ils disent. Demander aux politiques d’être cohérents est une action très subversive, a rappelé Philippe Meirieu. Socrate a bu la ciguë car il a demandé aux dirigeants athéniens de faire ce qu’ils disaient

 

D’abord le courage – Par Jean Fabre

 

Pour changer de cap, la première échelle à changer est celle du courage : passer de la courte échelle des ajustements à la grande échelle des remises à plat. Il faut avoir le courage de porter des préconisations qui sont à contre-courant parce qu’elles sont fortes et porteuses de changement. Il faudrait que les élus aient le courage de se faire les porte-parole des préconisations qui sortent des débats avec les citoyens et les acteurs des territoires auprès des instances nationales et internationales en osant proposer une remise à plat et de mettre en oeuvre les transformations nécessaires.

Vous pourrez d’autant plus le faire que votre action sera cohérente et que vous porterez alors la force des territoires. Car il y a un impératif de cohérence.

(…)

Un autre courage est celui d’oser la démocratie participative, parce que le changement de cap peut se réaliser, non si l’on a les bonnes idées que l’on impose aux autres, mais par une coconstruction qui fait qu’on est coacteur du changement. Cela veut dire que l’élu du XXIe siècle n’est plus celui qui sait et qui fait pour les autres. Il se fait sage-femme, c’est-à-dire qu’il aide la société à porter ses projets le temps de la grossesse et le temps de

l’accouchement. Donc il faut savoir organiser le dialogue social, écouter, être dans une attitude de tolérance et de bienveillance et faciliter la cocréation des solutions. Pour cela, il faut ouvrir des espaces de dialogue y compris de controverse, s’y nourrir et comprendre qu’il existe une capacité à comprendre et à changer très au-dessus de ce qui est utilisé actuellement. Il faut avoir le courage de se départir des logiques économiques — démesure économique qui détruit nos sociétés — pour remettre l’humain au cœur de la décision publique. Il ne s’agit pas de mettre de l’humain dans la politique mais de mettre l’humain au coeur de la décision, ce qui n’est pas pareil parce que notre avenir est destiné aux humains et non pas aux choses.

 

L’art et la culture... ce capital inépuisable - par Serge Dorny

L’art et la culture ont une place particulière dans la démarche du développement durable, telle qu’elle est généralement comprise :

- à l’immédiat, au tout tout de suite, au zapping généralisé, l’art et la culture opposent la longue durée : ils s’inscrivent dans le temps ;

- au quantitatif, à l’impérialisme de l’audimat et des statistiques, ils opposent le qualitatif : la rencontre avec une oeuvre, irréductible à tous les intérêts comptables ;

- au sondable, ils opposent l’insondable : le bouleversement d’une émotion qui nous change à jamais ;

- au mesurable, ils opposent l’incommensurable : le bonheur d’un instant qui change radicalement notre regard sur le monde.

 

Urgence, le monde coule par Claude Lorius

On nous dit que la technique va nous sauver. Mais le Titanic était le fleuron de la technologie de l’époque.

17 octobre 2010

La main à la pâte

La main à la pâte, popularisée par Georges CHARPAK, récemment disparu, est une idée lumineuse et fertile dont on pourrait directement s’inspirer pour stimuler la démocratie locale.

 

Le modèle pédagogique traditionnel est fondé sur une relation asymétrique de type « maître / élève » dans laquelle le maître parle, l’élève écoute et (en théorie) apprend. Dans une version plus élaborée, une interaction se noue entre l’élève et le maître via un jeu de questions / réponses, ce qui facilite l’appropriation par l’élève de ce qui est enseigné.

 

CHARPAK, et avec lui de nombreux pédagogues qui s’intéressent à l’enseignement des sciences, partent du constat que ce schéma traditionnel fonctionne mal : pour apprendre, il faut comprendre, et pour comprendre, il faut être actif et surtout manipuler la matière. La distinction « maître / élève » est bien sûr maintenue (l’enseignement s’écroule dès qu’on la nie), le rôle du maître étant, en complément du schéma classique, de créer des conditions favorables pour que les apprenants mettent la main à la pâte.


Transférons ce raisonnement à la démocratie locale. Le constat initial est similaire. La démocratie participative traditionnelle est fondée pour l’essentiel sur des échanges « élus / électeurs » ou « experts / citoyens », les uns sachant, maîtrisant l’ensemble du problème et exposant leurs idées, les autres s’informant et réagissant ponctuellement sur tel ou tel aspect du sujet.

 

Ce schéma permet aux citoyens volontaires de s’insérer dans la vie politique locale, mais il reste limité et assez peu attractif. 

 

Comment appliquer la main à la pâte en matière de démocratie locale, en respectant les rôles de chacun tels qu’ils sont prévus dans notre démocratie représentative ?

 

Déjà, repérons ce qui existe, avec plusieurs exemples intéressants :

-        la réserve communale, ce sont des citoyens volontaires qui se préparent à mettre la main à la pâte en cas de coup dur, et pour cela, ils appréhendent de l’intérieur certaines questions de sécurité civile.

-        le chantier d’auto-construction, porté par la commune, ce sont des habitants qui plongent dans des questions d’architecture et d’organisation de l’habitat collectif,

-        les pédibus, ce sont des parents qui, jour après jour, observent les déplacements autour de l’école de leurs enfants.

 

Pour étendre les cas d’application, explorons quelques grands domaines de la vie locale.

 

Les finances : il faudrait pouvoir manipuler les chiffres, faire des simulations, regarder ce qui se passe si on bouge tel ou tel poste de dépenses ou de recettes. Pour cela, la commune devrait publier sur son site web des fichiers Excel avec les budgets annuels et avec les budgets pluri-annuels des grands projets.

 

Urbanisme : pour voir les enjeux et étudier les scénarios d’aménagement, un atelier d’urbanisme permettrait à la population de dessiner des quartiers, déplacer des habitations et se mettre dans la peau d’un habitant.

 

Transports : rien de tel que de compter les véhicules à un carrefour pendant une heure ou deux pour se faire une idée concrète des flux (j'ai expérimenté, je vous encourage à essayer). La commune pourrait organiser des séances de comptage, suivies d’ateliers d’analyse des chiffres collectés. En quelques jours, sous la direction des services techniques, les volontaires construiraient une expertise citoyenne précieuse en matière de déplacements.

 

Nuisances sonores : même principe que pour les déplacements. Organiser une campagne de mesure sonore en faisant appel aux volontaires.

 

Processus électoral : associer des non élus à chaque bureau de vote.

 

Les champs d’application de la main à la pâte sont infinis … nous avons du pain sur la planche pendant des lustres.

Francis Odier, octobre 2010

27 août 2010

Martine dans un fauteuil

Cette fois, nous y sommes. Les sondages sont enfin favorables. Les journaux reconnaissent que l’élection de Martine Aubry est de plus en plus probable. Pour moi, elle est acquise, dans un fauteuil.

 

En démocratie, une élection mesure un rapport de force, ou plutôt d’influence, entre les mouvements sociaux et les personnalités qui font l’opinion. Il me paraît évident que Sarkozy ne retrouvera pas les soutiens qui ont fait son succès en 2007. Souvenons nous. Qu’est ce qui a fait la différence à l’époque ? Ce n’est pas l’extrême droite que l’on imaginait mal se reporter au second tour sur un candidat de gauche. C’est d’abord la complaisance, le soutien, parfois le non choix, d’un bon nombre de figures connues qui ont permis de transformer l’ancien ministre de l’intérieur en candidat de rupture, avec une image de modernité. Bien sûr, il y eut des artistes préférant le camp de la réussite, les télés sans nuance, Le Monde égaré par Jean Marie Colombani … Mais il y eut aussi Bayrou persistant dans le non choix jusqu’au désastre du second tour, Nicolas Hulot cautionnant la conversion écologique, Kouchner tout sourire sur les plateaux de télé avec Rachida Dati et Rama Yade ... et on ne tarda pas à comprendre pourquoi.

 

En 2007, les leaders socialistes préféraient se disputer entre eux, la diversité était à droite, les vieux ont voté comme d’habitude, les jeunes étaient partagés, les salariés rêvaient d’augmentations de salaires … Tout cela est maintenant fini.

 

Depuis quelques mois, les masques tombent et la société revient sur terre. Beaucoup sont las des gesticulations, vexés d’avoir été bernés sur la croissance et le pouvoir d’achat, indignés par la politique fiscale, révoltés par les conflits d’intérêt dont ils découvrent l’ampleur. Comment Sarkozy, quels que soient sa rouerie et son cynisme, pourrait-il redevenir crédible sur l’économie, l’école, l’autorité de l’Etat, … Il peut en faire des tonnes et des tonnes sur la sécurité et l’immigration, cela ne fera revenir ni les électeurs mouvants qui font la différence, ni les relais qui l’ont fait roi. Sur l’écologie, Borloo peut bien, comme un bonimenteur, nous vendre les avancées du Grenelle 2 … cela n’intéresse plus grand monde et ceux qui connaissent un peu la question resteront de marbre.

 

Les journalistes sentent le vent tourner et vont rester prudents pour préparer l’alternance.

 

Les enseignants sont remontés comme des pendules. En 2007, certains avaient été tentés par « travailler plus pour gagner plus ». En 2010, l’amertume et la colère dessinent un autre tableau. 

 

Chez les agriculteurs, les vieux, les cadres BCBG, les cathos … le doute est perceptible. Leur vote sera incertain.

 

Les socialistes sont vraiment et enfin décidés à revenir au pouvoir. Les vieux se disent que c’est maintenant ou jamais. Les quadras et quinquas ont épuisé les charmes de l’opposition parlementaire. Les leaders ne rejoueront ni 2002 (le foisonnement des candidatures), ni 2007 (le piédestal puis le croche patte à l’allumée du bocage).

 

Les ministres actuelles les plus populaires sont celles qui prendront le plus vite leur distance avec l’UMP sarkozienne : Rama Yade et Chantal Jouhanno (championne de karaté, cela compte plus que toutes les lois, d’autant qu’elle a bien bataillé avant de se résigner aux amendements qui lui ont été imposés sur le Grenelle). Nous aurons ainsi l’ouverture à l’envers, mais en beaucoup mieux, et avant les élections, ce qui est plus efficace.

 

Fillon ne fera rien qui pourrait faire gagner à nouveau Sarkozy. Il a déjà donné. Eventuellement, il se présentera lui-même. Histoire, pour une fois, de jouer les premiers rôles. 

 

Dans quelques semaines, le remaniement ministériel libèrera la parole de quelques ministres, dont plusieurs deviendront d’inévitables soutiens de la candidate socialiste. 

 

Jusqu’en mai 2012, toute l’énergie de Dominique de Villepin va être consacrée à montrer l’ineptie, l’incohérence et l’indignité de la politique gouvernementale depuis ce funeste mai 2007.

 

François Bayrou a réussi à convaincre son ami Dany de jeter aux orties la césure droite / gauche comme principe d’organisation politique. Solitaire grandiose depuis 10 ans, il va se persuader peu à peu qu’il est temps d’engager une nouvelle et dernière étape, et de revenir à une approche plus collective.

 

Les Verts viennent de se choisir une candidate idéale pour appuyer Martine Aubry. Eva Joly est assez médiatique et habile pour faire un beau parcours, assez ambitieuse pour ne pas se lancer dans une critique destructrice vis-à-vis de celle qui peut lui apporter un maroquin, trop novice et ignorante des questions d’environnement pour espérer faire un score qui ferait de l’ombre.

 

La complémentarité entre Cécile Duflot et Daniel Cohn-Bendit est parfaite : à l’une l’ancrage à gauche et le souci de l’égalité, à l’autre l’ouverture au centre, la fraternité joyeuse et la liberté. Le tandem n’aura pas de mal à mobiliser le monde associatif qui est déjà dans les starting blocks pour soutenir Europe Ecologie.

 

Il suffirait de quelques ralliements complémentaires (Lepage, Mélenchon … et Besancenot, qu’attend-il ? il est encore jeune et ne va pas rester éternellement en marge) pour que nous ayons un 21 avril à l’envers, un 2ème tour avec Aubry et Joly, deux semaines de folie qui porteraient un coup fatal à notre fatigue psychologique, à  la déprime française repérée par le médiateur de la république dans un rapport célèbre et oh combien pertinent ! 

 

La droite pourrait-elle, in extremis, présenter un autre candidat qui nous referait le coup du changement ? Je ne pense pas. Il est trop tard. Et les candidats potentiels, qui ont la carrure et ne sont pas trop compromis comme Baroin ou Waulquiez, ne sont pas prêts. Pour eux, il est trop tôt. Je ne crois pas une seconde à l’avenir présidentiel de Jean-François Copé. Spécialiste de la langue de bois, avocat comme son maître, il appartient à une espèce qui devra s’adapter si elle veut survivre.

 

Bien. Maintenant, il suffit d’attendre. La seule chose qui reste incertaine, mais j’ai encore quelques jours pour y réfléchir, c’est la composition du gouvernement de Martine Aubry !

 

J’oubliais. Certains font une fixation sur DSK, et le voient comme l’homme providentiel. Erreur. Il a changé de métier. Maintenant, il est dans la finance. Ce n’est pas si facile de se reconvertir et de replonger dans le marigot.

 

Si vous avez des questions, n’hésitez pas. Ma boule de cristal est toujours accessible.

 

27 août 2010

28 février 2010

Elections régionales 2010 : pour Europe Ecologie

La tradition veut qu’un militant politique soutienne son parti … mais je me sens libre de m’affranchir de cette tradition.  

Certes, comme la discipline est la force des armées, la solidarité au sein d’un parti est  nécessaire pour gagner les élections. Mais je vois aussi les ravages provoqués par le réflexe pavlovien de soutien inconditionnel à celui qui a la même étiquette que soi.

D’abord, pourquoi faudrait-il ne soutenir qu’un seul parti ? Je suis bien adhérent simultané d’une bonne dizaine d’associations dont certaines sont sur des périmètres similaires, donc concurrentes entre elles. L’impératif de l’appartenance exclusive à un parti traduit en fait l’idée que la vocation d’un parti est la conquête du pouvoir, ce qui est une vision très réductrice qui oublie que l’essentiel, surtout pour des groupes minoritaires, est de porter une vision de la société, des propositions, des revendications ... en attendant d'être majoritaire et / ou en situation de responsabilité exécutive.

Le MoDem a été créé autour de quelques idées simples :

·         l’humanisme - terme galvaudé, objectif pouvant paraître vague et trivial, mais l’observation quotidienne de la société montre que si on le prend au sérieux comme projet de société,  c’est une valeur exigeante et radicale,

·         le réformisme - mot peu enthousiasmant mais qui traduit une lucidité de méthode,

·         le pluralisme – l’ancrage historique dans le centrisme, c’est le refus du manichéisme gauche / droite et le rejet des choix dictés par l’appartenance partisane,

·         le développement économique, social et écologique durable – cf le chapitre 1 du « projet humaniste » du MoDem, 2009.

Certains pensent que le MoDem est une écurie présidentielle. C’est leur affaire, c’est une hypothèse crédible, mais ce n’est pas mon point de vue, ni celui de nombreux militants, ni ce qui est écrit dans les textes fondateurs du mouvement.

Pour ces  élections régionales 2010, au vu des programmes et de la campagne menée par les uns et les autres, mon vote sera pour Europe Écologie qui est, beaucoup mieux que le MoDem, en situation de faire progresser concrètement les valeurs de Démocratie et d’Écologie.

Je l’ai souvent dit : la qualité des méthodes détermine la qualité des décisions. Or, sur ce terrain, Europe Écologie a donné des signes d’ouverture,  de pluralisme et de sérieux sur le fond qui augurent bien de sa capacité à influencer positivement notre société.

Francis Odier, 28 février 2010

31 décembre 2009

Après les chimères de Copenhague ...

Depuis le fiasco de Copenhague, chacun y va de son analyse sur la défaillance des responsables politiques, incapables de dépasser les intérêts étroits de leurs pays respectifs. Et voilà un nouvel unanimisme, très bien formulé par le titre d'un bel article signé Corinne Lepage dans Le Monde du 23 décembre : "Planète : la société civile ne peut plus compter que sur elle-même. Le fiasco de Copenhague est d'abord celui des responsables politiques. Mouvements sociaux, consommateurs et citoyens doivent prendre le relais".

 

Hubert Védrine, ce matin sur France Inter pour vendre son bouquin auquel j'ai emprunté le mot "chimères", relativise ce fiasco mondial : la déception est à la mesure des attentes extravagantes suscitées par les associations écologistes. Il est urgent, selon Hubert Védrine qui défend cette idée depuis une bonne dizaine d'années, de redevenir lucide, d'abandonner la chimère du gouvernement mondial et de reconnaître que c'est la compétition qui gouverne le monde.

 

Je ne me résigne pas à ce constat sur l'omniprésence de la compétition, mais j'abandonne volontiers l'utopie du gouvernement mondial. C'est même une idée que j'ai abandonné pour l'Europe : adieu le fédéralisme dont nous avons rêvé un temps, vive l'Europe des Régions que revendiquaient déjà les militants occitans dans le Toulouse de ma jeunesse.

 

Chacun défend sa paroisse. Alors, c'est l'Assemblée des régions d'Europe qui se charge le mieux de nous réconforter après la défaillance des Etats. "Réchauffement climatique : les régions veulent avancer sans attendre les Etat. Une mutation en profondeur", écrit Michèle Sabban, vice-présidente du conseil régional Ile de France (Le Monde du 30 décembre). A l'approche des élections régionales, les sceptiques, les cyniques et les ronchons verront dans cet article une preuve de plus de l'opportunisme éhonté des élus prêts à retourner à leur profit tout événement qui passe à leur portée. Mais j'y voie plutôt un contrepied bienvenu au discours de dépit sur la faillite des politiques.

 

Car, avec un point de vue "pluraliste", et en revenant aux idées du vieil Edgar, il devrait être évident qu'un sujet aussi complexe que le réchauffement climatique est de la responsabilité de tous les acteurs, chacun à leur niveau. Donc il est vain et stérile d'opposer les "politiques" et la "société civile" (que l'on serait d'ailleurs bien incapable de définir), d'autant plus que la "société civile" (par exemple, les associations) consacrent une énergie folle à mobiliser les politiques et que les politiques en appellent chaque jour à l'implication et la mobilisation des citoyens.

 

Ce qui a échoué à Copenhague, c'est une tentative d'approche centralisée. Les démocrates qui sont pour le partage du pouvoir, la décentralisation, le principe de subsidiarité et la responsabilisation des acteurs ne devraient pas s'en offusquer.

 

Copenhague est surtout la faillite de la diplomatie, des grandes manoeuvres fondées sur la langue de bois ou l'agitation sarkozienne.

 

Maintenance, les principes à promouvoir sont connus (au risque de rabacher) :

- la responsabilité et l'exemplarité - à tous les niveaux, de l'individu à l'Etat et même jusqu'à l'Europe dont on ne doit pas totalement désespérer),

- les choix et les actes concrets - en complémentarité avec les orientations et les objectifs qualitatifs,

- la coopération en réseaux - en complémentarité avec les approches hiérarchiques et centralisées.

 

L'exemplarité, si on la conçoit aussi comme une orientation politique, n'est pas un ersatz de solution pour boy scout en mal d'action citoyenne, mais bien le levier le plus efficace qui est à notre portée.

31 décembre 2009