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01 février 2010

Les systèmes de transport fragilisés par l’inflation technologique

L’épisode neigeux et froid de ce début janvier 2010 a provoqué d’importantes perturbations dans les transports, en particulier dans les transports ferroviaires. Mais le terme « provoqué » est-il vraiment approprié ?

Grand voyageur, il  n’est pas rare que je sois confronté à des aléas d’exploitation (incidents techniques, retards …), autant sur le réseau national (Paris – Grenoble), régional (Lyon – Grenoble) que le réseau francilien (RER, Métro). Ma conviction, comme celle de mes compagnons d’infortune lors des grands retards, est que les intempéries, qui n’ont rien eu d’exceptionnel cette année du point de vue de la température, du vent ou des précipitations, n’expliquent qu’une petite partie des incidents.

Lorsqu’un système d’information sonore automatisé annonce l’entrée en gare d’un train qui n’a pas quitté sa gare d’attache, ou annonce le départ imminent d’un train (« attention à la fermeture des portes, attention au départ ») qui n’est pas encore installé à quai, force est de constater que c’est le système d’exploitation qui est défaillant, hors contrôle, et non tel ou tel équipement qui subit une anomalie technique.

Les automatismes d’information voyageurs, déjà lassants en situation normale, adoptent un comportement erratique et génèrent de nouvelles erreurs en situation perturbée. La technologie d’aide à l’exploitation devient inopérante et aggravante.

Déresponsabilisés par des procédures et des dispositifs de contrôle envahissants, en perte continue de compétences, les hommes et les organisations sont devenus impuissants face à un système fragilisé par la saturation quotidienne et qui s’effondre sous les attaques – pourtant légères – du froid et de la neige.

J’ai réalisé ma première mission de conseil pour la SNCF en 1995 à l’occasion d’un chantier de modernisation dans la région Saint-Lazare. Parmi les points faibles figurait en bonne place « l’information voyageur en situation perturbée ». Quelle fut la réponse de l’entreprise ? Le déploiement dans toutes les gares concernées du système automatisé d’annonce sonore ! Quinze ans plus tard, on voit que la fuite en avant technologique est une impasse.

L’objectif de « sobriété » commence à être partagé dans la société, en particulier dans le domaine énergétique, grâce aux débats sur le réchauffement climatique et le développement durable. Il convient maintenant de l’appliquer aussi dans la conception des systèmes de transport, y compris dans les choix technologiques et dans la répartition des tâches entre les hommes et les machines.

Francis Odier, 14 janvier 2010

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