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24 juin 2012

Malaise à Rio, et dans nos assemblées

Le journal Réforme du 21 juin 2012 titre Alerte à Rio. La vacuité des grands sommets internationaux nous ramène, inlassablement, aux fondamentaux de la démocratie, aux rôles des citoyens et des élus. Pourquoi se perdre dans la recherche d'une meilleure gouvernance mondiale ? Faisons déjà "marcher" nos institutions !

Dans son édito, Nathalie Leenhardt se demande pourquoi la majorité des citoyens préfère ne pas voir l’épuisement des ressources et l’avenir des conditions de vie sur Terre. La réponse est trois colonnes plus loin : Nicolas Sarkozy et François Hollande continuent à rechercher la croissance.

La boucle est bouclée : les citoyens suivent les élus qui suivent les citoyens.  Qui brisera ce cercle vicieux ? Les gens de bonne volonté ont fait leur part de chemin, la prise de conscience est là, les petits gestes, à la portée de tous, sur les économies d’énergie et la préservation de l’environnement deviennent des réflexes. A l’autre bout de l’échelle, les grands sommets internationaux, de Copenhague à Rio+20, sont des rencontres amicales qui ne débouchent sur rien ou pas grand-chose. Alors, qui a la clef pour débloquer la situation ? Les corps intermédiaires, les élus sans grade, sans carrière à construire et qui écoutent surtout leur conscience.

La politique est une affaire collective : L’espoir doit être porté sur la démocratie, la vraie, telle qu’elle est prévue par les institutions avec des assemblées qui délibèrent et qui décident. Hélas, nous en sommes loin car même les spécialistes véhiculent des idées qui ruinent à néant l’idéal démocratique. Ainsi,dans ce même numéro de Réforme, Daniel Boy, directeur de recherche à Sciences-Po, nous dit « Sarkozy a très souvent abusé de son pouvoir ». Non, ce n’est pas si simple. Il faudrait écrire aussi que les parlementaires UMP et les ministres ont très souvent renoncé à exercer leur mandat, et que l’ancien président n’a fait que combler le vide béant qui lui était offert. Sur la même page, à propos du parachutage en politique, Frédéric Casadesus conclut « Ségolène Royal a commis l’erreur de … ». Non, c’est un raccourci réducteur, Ségolène Royal a été investie par le parti socialiste. L’erreur, s’il y a erreur, est donc collective.

Si l’on veut qu’advienne la démocratie, il faut se persuader que les textes régissant nos institutions peuvent et doivent être appliqués, ce qui revient à interpréter les faits politiques au regard des rôles officiels de chacun, et non avec des grilles de lecture simplistes qui se focalisent sur les individus.

Nous avons donc besoin d'un minimum de discipline intellectuelle. Arrêtons de parler de l'erreur de Ségolène ou des pleins pouvoirs confiés à Hollande. En revanche, nous pouvons disserter sur les investitures données par les partis pour les élections législatives et sur la complémentarité qui reste à établir entre l'équipe présidentielle dirigée par François Hollande, le gouvernement et l'assemblée nationale. D'accord, ces formulations peuvent sembler lourdes et alambiquées, mais elles traduisent la complexité du système démocratique.

Ce blog ne s'appelle pas pour rien le Voyage en Edgarie. Le simplisme et le réductionnisme sont les pires ennemis de la démocratie.

Francis Odier, 24 juin 2012.