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31 décembre 2009

Après les chimères de Copenhague ...

Depuis le fiasco de Copenhague, chacun y va de son analyse sur la défaillance des responsables politiques, incapables de dépasser les intérêts étroits de leurs pays respectifs. Et voilà un nouvel unanimisme, très bien formulé par le titre d'un bel article signé Corinne Lepage dans Le Monde du 23 décembre : "Planète : la société civile ne peut plus compter que sur elle-même. Le fiasco de Copenhague est d'abord celui des responsables politiques. Mouvements sociaux, consommateurs et citoyens doivent prendre le relais".

 

Hubert Védrine, ce matin sur France Inter pour vendre son bouquin auquel j'ai emprunté le mot "chimères", relativise ce fiasco mondial : la déception est à la mesure des attentes extravagantes suscitées par les associations écologistes. Il est urgent, selon Hubert Védrine qui défend cette idée depuis une bonne dizaine d'années, de redevenir lucide, d'abandonner la chimère du gouvernement mondial et de reconnaître que c'est la compétition qui gouverne le monde.

 

Je ne me résigne pas à ce constat sur l'omniprésence de la compétition, mais j'abandonne volontiers l'utopie du gouvernement mondial. C'est même une idée que j'ai abandonné pour l'Europe : adieu le fédéralisme dont nous avons rêvé un temps, vive l'Europe des Régions que revendiquaient déjà les militants occitans dans le Toulouse de ma jeunesse.

 

Chacun défend sa paroisse. Alors, c'est l'Assemblée des régions d'Europe qui se charge le mieux de nous réconforter après la défaillance des Etats. "Réchauffement climatique : les régions veulent avancer sans attendre les Etat. Une mutation en profondeur", écrit Michèle Sabban, vice-présidente du conseil régional Ile de France (Le Monde du 30 décembre). A l'approche des élections régionales, les sceptiques, les cyniques et les ronchons verront dans cet article une preuve de plus de l'opportunisme éhonté des élus prêts à retourner à leur profit tout événement qui passe à leur portée. Mais j'y voie plutôt un contrepied bienvenu au discours de dépit sur la faillite des politiques.

 

Car, avec un point de vue "pluraliste", et en revenant aux idées du vieil Edgar, il devrait être évident qu'un sujet aussi complexe que le réchauffement climatique est de la responsabilité de tous les acteurs, chacun à leur niveau. Donc il est vain et stérile d'opposer les "politiques" et la "société civile" (que l'on serait d'ailleurs bien incapable de définir), d'autant plus que la "société civile" (par exemple, les associations) consacrent une énergie folle à mobiliser les politiques et que les politiques en appellent chaque jour à l'implication et la mobilisation des citoyens.

 

Ce qui a échoué à Copenhague, c'est une tentative d'approche centralisée. Les démocrates qui sont pour le partage du pouvoir, la décentralisation, le principe de subsidiarité et la responsabilisation des acteurs ne devraient pas s'en offusquer.

 

Copenhague est surtout la faillite de la diplomatie, des grandes manoeuvres fondées sur la langue de bois ou l'agitation sarkozienne.

 

Maintenance, les principes à promouvoir sont connus (au risque de rabacher) :

- la responsabilité et l'exemplarité - à tous les niveaux, de l'individu à l'Etat et même jusqu'à l'Europe dont on ne doit pas totalement désespérer),

- les choix et les actes concrets - en complémentarité avec les orientations et les objectifs qualitatifs,

- la coopération en réseaux - en complémentarité avec les approches hiérarchiques et centralisées.

 

L'exemplarité, si on la conçoit aussi comme une orientation politique, n'est pas un ersatz de solution pour boy scout en mal d'action citoyenne, mais bien le levier le plus efficace qui est à notre portée.

31 décembre 2009