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03 mai 2012

De Mélenchon à Blanc, en toute cohérence

Le 6 mai, je vote en cohérence avec les idées auxquelles j’adhère et pour lesquelles j’ai voté au premier tour. 

Entre les deux prétendants du second tour, je n’hésite pas : l’un est pathogène clivant, chef des individualistes, l’autre rassembleur rassurant, président du syndicat des élus, conservateur en diable.

Mais la question n’est pas seulement celle de la préférence présidentielle. Il s’agit de politique et de préparation de l’avenir.

Pendant des mois et des semaines, nous avons lu, écrit et répété que les programmes de Hollande et Mélenchon étaient radicalement différents, l’un dans la lignée social-nucléocrate, l’autre dans la révolution démocratique. Et il faudrait maintenant voter pour la continuité ? Au nom de quoi ? Pour un vote utile, pour dégager Sarko ?

Le vote est utile quand il permet aux citoyens d’exprimer leurs convictions, et celles-ci s’agrègent et forment la volonté réelle du peuple. L’auto-censure et le calcul tactique sont des biais, une forme d’aliénation dans laquelle l’électeur succombe sous la pression sociétale.

Si chacun ne dit pas lui-même ce dont il a envie et ce qu’il croit juste, qui le dira ? Le député oligarque en poste depuis 15 ans et qui aspire à poursuivre sa carrière ?

Triste démocratie dans laquelle le seul argument Pour un candidat est en fait d’être Contre l’autre.

L’anti-sarkozysme est aussi stérile qu’autrefois l’anticommunisme.

Il serait paradoxal et, pour tout dire, complètement fou, de se prétendre pour l’action collective, pour la revalorisation du parlement et des corps intermédiaires, contre la présidentialisation … et de se focaliser sur une personne, cédant ainsi, en quelque sorte, aux sirènes de l’individualisme et au mythe de l’homme tout puissant.

Camarades qui vous apprêtez à choisir Hollande par rejet épidermique de Sarkozy, vous qui voulez être utiles, songez au tort que vous faites à la cause que vous vouliez promouvoir en votant Mélenchon. Qui croira encore aux discours novateurs et généreux si, au soir du premier tour, chacun en revient machinalement à la logique binaire de camp, oubliant l’analyse argumentée qui concluait à la singularité du projet de son candidat préféré ?

Au moment où grandit la légitimité du vote Blanc, il est temps de renoncer aux réflexes guidés par la peur.

Le vote doit être sincère. Je ne fais confiance ni à l’un, ni à l’autre, autant le dire aussi dans l’isoloir, en toute simplicité.

Francis Odier, 2 mai 2012